Genève – Un simple appel de 30 minutes aurait-il suffi à faire dérailler des mois de tractations diplomatiques minutieuses ? C’est la question qui agite actuellement la scène politique helvétique, alors que la Suisse est brutalement frappée par une hausse vertigineuse des droits de douane américains, désormais portés à 39 % sur certains produits d’exportation phares. En ligne de mire : la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, soupçonnée d’avoir commis une grave erreur de jugement en s’entretenant directement avec Donald Trump, sans l’appui de ses négociateurs.
Selon plusieurs médias suisses, les discussions commerciales entre Berne et Washington avaient atteint un stade avancé, avec l’espoir d’un compromis autour d’un tarif de 10 %. Mais l’appel houleux du 31 juillet entre Keller-Sutter et l’ancien président américain aurait ravivé les tensions. Décrit par des sources diplomatiques comme « hargneux », voire « désastreux », l’échange aurait précipité un revirement américain inattendu.
Face à la levée de boucliers, le gouvernement suisse a convoqué une réunion d’urgence, au terme de laquelle un communiqué a tenté d’éteindre l’incendie : « Le Conseil fédéral explore de nouvelles propositions plus attractives pour apaiser les tensions commerciales avec les États-Unis. » Une déclaration qui n’a pas suffi à calmer les critiques, certains élus de l’opposition dénonçant « l’amateurisme diplomatique » de la présidente.
Interrogée, une source gouvernementale suisse a affirmé au Guardian que l’appel n’était pas à l’origine directe du durcissement américain, tout en reconnaissant que « la conversation entre les deux parties ne s’était pas bien déroulée ». Reuters, de son côté, cite un responsable affirmant que l’administration Trump « n’avait jamais réellement envisagé un tarif de 10 %, jugé insuffisant dès le départ ».
La présidente suisse doit rencontrer, le 6 août à Washington, le secrétaire d’État Marco Rubio, pour tenter d’arracher un compromis in extremis avant l’entrée en vigueur officielle des nouveaux droits. Une rencontre express, prévue pour durer à peine une heure, alors que l’enjeu économique est colossal.
Les produits suisses emblématiques, tels que les montres de luxe, les machines-outils de précision ou encore le chocolat, sont directement visés par cette taxe de 39 %. Les industriels suisses redoutent un effondrement de leur compétitivité sur le marché nord-américain, mettant en péril des dizaines de milliers d’emplois.
Comparativement, les accords douaniers conclus récemment par les États-Unis avec l’Union européenne, le Royaume-Uni ou encore le Japon prévoient des taux bien inférieurs, oscillant entre 10 et 15 %.
Derrière la décision de l’exécutif américain se cache aussi une stratégie politique plus large. Le retour de Donald Trump sur la scène internationale semble s’accompagner d’une volonté de réaffirmer l’unilatéralisme économique américain, même au détriment d’alliés traditionnels comme la Suisse.