Les prix du pétrole ont repris leur ascension ce jeudi, portés par une demande intérieure américaine vigoureuse et un climat géopolitique de plus en plus tendu. Le Brent de la mer du Nord a gagné 0,6 %, atteignant 67,3 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) a progressé dans les mêmes proportions pour s’établir à 64,76 dollars, selon les dernières données des marchés pétroliers.
À l’origine de cette poussée haussière, une forte réduction des stocks de brut aux États-Unis, à hauteur de trois millions de barils la semaine dernière, selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). Cette baisse dépasse largement les prévisions des analystes, traduisant une reprise soutenue de la consommation énergétique. Le raffinage a intensifié son rythme, notamment sur les côtes sud et ouest, où les besoins en kérosène et en matières premières pétrochimiques explosent en raison de la vigueur des secteurs aérien et industriel.
Mais la hausse ne s’explique pas uniquement par les fondamentaux de la demande. La pression exercée par les États-Unis sur plusieurs importateurs de pétrole russe vient perturber les équilibres géopolitiques et commerciaux. Donald Trump, dans une posture offensive, a menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 25 % sur les importations indiennes, en représailles aux achats énergétiques continus de New Delhi auprès de Moscou.
L’Inde, troisième plus grand importateur mondial de brut, pourrait être contrainte de revoir ses circuits d’approvisionnement, tout comme la Chine, elle aussi visée par la même logique de sanctions économiques. Ces potentielles reconfigurations du commerce pétrolier risquent de créer des déséquilibres durables dans l’offre mondiale.
Deuxième producteur mondial, la Russie reste lourdement sanctionnée par l’Occident depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Une rencontre Trump-Poutine a été évoquée dans la presse américaine, mais les analystes restent sceptiques quant à un éventuel assouplissement des sanctions à court terme. En l’absence d’évolution notable, les flux pétroliers russes restent redirigés vers l’Asie, au prix de rabais conséquents et de tensions commerciales accrues.
Malgré ces turbulences, la demande mondiale en pétrole demeure forte. D’après les estimations de la banque JPMorgan Chase, elle s’élève à 104,7 millions de barils par jour début août 2025, un chiffre en hausse par rapport à l’an dernier, même s’il reste légèrement inférieur aux prévisions. Les pays émergents, moteurs de la croissance énergétique, continuent de stimuler la consommation, en particulier dans les secteurs de l’aviation et de la chimie.
Toutefois, l’avenir reste incertain. La multiplication des barrières douanières, la persistance des tensions géopolitiques, et les signaux d’un possible ralentissement économique global pourraient fragiliser cet équilibre précaire et faire basculer les marchés vers une nouvelle phase d’instabilité.