En septembre 2017, une partie de l’Europe a été survolée par un nuage radioactif en provenance de l’est. Plus précisément de la Russie. Près de deux ans plus tard, nous en savons un peu plus sur son origine… et sa cause.
L’affaire remonte au mois de septembre de l’année 2017. Plusieurs réseaux européens spécialisés dans la surveillance de matériels radioactifs ont détecté une concentration extrêmement élevée de ruthénium-106 dans le ciel européen.
Une étude a été immédiatement menée à travers le territoire européen et les indicateurs ont alors révélé que l’origine de la fuite se trouvait quelque part en Russie, entre la Volga et l’Oural.
Retour sur le nuage radioactif de 2017
La Russie, de son côté, a commencé par garder le silence, avant de confirmer les chiffres relevés par les agences européennes. Une agence locale a en effet confirmé à l’époque avoir repéré elle aussi une concentration très élevée de ce composé chimique, sans pour autant donner plus d’explications.
De leur côté, les agences de sûreté européennes se sont voulues rassurantes en indiquant que les taux détectés ne présentaient aucun risque particulier pour la santé des populations touchées.
Deux ans ont passé, et une équipe internationale d’experts et de scientifiques a entrepris de lever le voile sur le mystère en suivant avec précision la trajectoire empruntée par ce fameux nuage radioactif.
Avec succès, visiblement. D’après Georg Steinhauser, un chimiste spécialisé dans le nucléaire et travaillant pour l’Université Leibniz de Hanovre en Allemagne, le nuage a été détecté dans plusieurs régions, et plus précisément en Europe centrale et orientale, en Asie, dans la péninsule arabique et dans les Caraïbes. En revanche, le seul composé détecté était le ruthénium-106.
Cet isotope radioactif est en réalité dérivé du ruthénium et il résulte généralement de la fission nucléaire d’atomes d’uranium 235. En temps normal, lorsque le combustible nucléaire est retraité, et donc lorsque le plutonium et l’uranium sont séparés du combustible nucléaire irradié présent dans les réacteurs, le ruthénium-106 est extrait et stocké dans des conteneurs avec d’autres déchets radioactifs.
En conséquence, Steinhauser pense que le nuage de ruthénium-104 repéré au-dessus de l’Europe résulte d’un accident survenu lors du retraitement du combustible nucléaire.
Un accident survenu dans les installations de Maïak ?
Or justement, en suivant la trajectoire empruntée par le nuage, le chimiste estime que l’installation de Maïak est le seul endroit où a pu avoir lieu ce fameux incident. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il existe peu d’infrastructures capables d’effectuer ce type de traitement et cette dernière en fait précisément partie.
Il y a plus intéressant cependant. Ce ne serait en effet pas la seule fois qu’un tel accident se produit dans cette installation.
Le 29 septembre 1957, un autre accident s’est produit au même endroit, un accident qui a atteint le niveau 6 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et qui est considéré, avec Tchernobyl et Fukushima, comme l’un des plus graves accidents nucléaires survenus. Une explosion a en effet eu lieu et cette dernière a projeté dans les airs environ 160 tonnes de déchets nucléaires secs. Des déchets qui avaient ensuite donné naissance à un nuage radioactif… qui s’est ensuite déplacé vers le nord-est.
A l’époque, la Russie avait tout fait pour maintenir le secret et les populations vivant dans les zones touchées n’avaient pas été prévenues. Environ dix mille personnes ont souffert de lésions cutanées importantes, et beaucoup d’autres ont développé des cancers par la suite.