l’armée burkinabé a annoncé la destitution du président Roch Kaboré, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, la suspension de la Constitution et la fermeture des frontières.
La déclaration a été lue par un officier lors d’une émission en direct et a été signée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, chef du nouveau « Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la reconstruction », connu sous l’acronyme français MPSR. Selon des informations de l’armée, la prise de pouvoir s’est déroulée sans violence et les détenus, dont l’ancien président et certains ministres, sont en lieu sûr. « Le MPSR, qui comprend toutes les sections de l’armée, a décidé aujourd’hui de mettre fin au mandat du président Kaboré », rapporte le communiqué du 24 janvier. Evoquant la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, le Mouvement a insisté sur l’incapacité du gouvernement déchu à unir la nation et à répondre efficacement aux défis à relever.
Auparavant, le parti du président déchu, le Mouvement populaire pour le progrès, avait dénoncé une prétendue tentative d’assassinat contre son chef et un ministre. Le domicile du président aurait également été saccagé, mais aucun autre détail n’a été fourni concernant l’incident ou l’emplacement actuel de Kaboré. En outre, avant même la déclaration de l’armée, l’Union africaine et la CEDEAO avaient condamné la tentative de coup d’État au Burkina Faso, soulignant qu’elles tenaient l’armée pour responsable de la sécurité du président. C’est le énième tournant autoritaire dans la région, après ceux survenus au Soudan , au Tchad , au Mali , en Guinée , courant 2021.
La déposition du président du Burkina Faso intervient après une journée de mutineries dans diverses casernes du pays, dimanche 23 janvier. Les militaires ont demandé le remplacement des chefs des Forces armées et l’attribution par l’exécutif de « moyens appropriés » pour combattre l’insurrection jihadiste dans le pays. Des coups de feu avaient été entendus depuis les casernes de Sangoulé Lamizana, Baba Sy et la base aérienne de Ouagadougou. Des mutineries ont également eu lieu à Kaya et Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, où se concentrent la plupart des attaques. Les 23 et 24 janvier, des groupes de citoyens sont descendus dans la rue pour soutenir les militaires contre l’exécutif.
Kaboré, qui est arrivé au pouvoir en 2015 et réélu cinq ans plus tard avec la promesse de donner la priorité à la lutte anti-djihadiste, a été au centre d’une polémique croissante et des protestations de la population et des forces armées sur la gestion de l’augmentation dramatique de la violence. Islamiste dans le pays.