Le coming-out de Brenda Biya, la fille du président camerounais Paul Biya, résonne comme un coup de tonnerre au Cameroun, un pays où l’homosexualité est non seulement taboue mais également illégale. Brenda Biya, connue sous le nom de King Nasty dans le milieu artistique, a partagé une photo sur Instagram où elle embrasse tendrement une autre femme, accompagnée d’un message déclarant son amour. Ce geste audacieux, réalisé depuis la Suisse, pourrait avoir des répercussions significatives tant sur le plan personnel que sociopolitique.
Le Cameroun criminalise les relations homosexuelles, imposant des peines d’emprisonnement de six mois à cinq ans et des amendes substantielles. Cette législation répressive reflète une société profondément conservatrice et homophobe, où les personnes LGBTQ+ subissent une discrimination sévère. Les réactions à l’annonce de Brenda Biya ont été variées, allant des messages de soutien aux commentaires indignés et haineux sur les réseaux sociaux.
Le coming-out de Brenda Biya est d’autant plus significatif qu’elle est la fille du président en exercice. Son geste a été salué par des militants des droits humains comme Nkwain Hamlet, président de l’ONG LGBT Working For Our Wellbeing, et l’avocate Alice Nkom, qui militent pour la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun. Ils voient en ce geste un acte de courage susceptible d’inspirer d’autres membres de la communauté LGBTQ+ et de catalyser un changement législatif dans le pays.
Cependant, la question demeure : le gouvernement camerounais, dirigé par Paul Biya depuis des décennies, sera-t-il réceptif à cette onde de choc venant de l’intérieur même de sa famille ? Pour l’instant, rien n’est moins sûr. Le contexte politique actuel au Cameroun n’encourage guère l’optimisme, avec des autorités qui maintiennent une posture répressive à l’égard des droits LGBTQ+. En juin 2023, Jean-Marc Berthon, ambassadeur français pour les droits des personnes LGBTQ+, a dû annuler son voyage à Yaoundé suite à une interdiction des discussions sur les droits LGBTQ+.
Le geste de Brenda Biya pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour les droits LGBTQ+ au Cameroun, ou au contraire, renforcer les tensions et les répressions. Si cette déclaration publique d’une figure aussi emblématique pousse le débat sur les droits LGBTQ+ à l’avant-scène, il reste à voir si cela entraînera une mobilisation suffisante pour provoquer un changement législatif.