Les marchés pétroliers ont plongé dans la tourmente ce jeudi, avec une nouvelle chute des prix du pétrole sur les places asiatiques, alimentée par une combinaison de dynamiques économiques et géopolitiques préoccupantes. Le baril de Brent, référence européenne, a cédé 0,2 % pour s’établir à 64,72 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), indice américain, a reculé de 0,4 %, tombant à 62,61 dollars. Cette baisse, bien que modérée en pourcentage, reflète des tensions sous-jacentes qui pourraient durablement peser sur le marché mondial de l’énergie.
L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a révélé des chiffres alarmants pour les marchés : les stocks d’essence aux États-Unis ont bondi de 5,2 millions de barils, atteignant 228,3 millions de barils, dépassant largement les attentes des analystes qui anticipaient une hausse modeste de 600 000 barils. Parallèlement, les stocks de distillats, comprenant le diesel et le fioul domestique, ont augmenté de 4,2 millions de barils, pour un total de 107,6 millions de barils. Cette accumulation, bien au-delà des prévisions, signale un ralentissement de la consommation énergétique aux États-Unis, premier consommateur mondial de pétrole. Ce surplus d’offre, conjugué à une demande atone, exerce une pression baissière immédiate sur les prix.
De l’autre côté du globe, l’Arabie saoudite, leader de l’OPEP, a ajouté à l’incertitude en annonçant une réduction significative de ses prix de vente officiels (OSP) pour juillet à destination des acheteurs asiatiques. Ces prix, désormais proches des niveaux les plus bas enregistrés depuis quatre ans, défient les attentes saisonnières. En effet, la période estivale est généralement marquée par une demande accrue en carburant, notamment pour les transports et la climatisation. Cette décision suggère que Riyad perçoit une faiblesse persistante de la demande en Asie, principal moteur de la croissance pétrolière mondiale. En abaissant ses prix, l’Arabie saoudite cherche à maintenir sa part de marché face à une concurrence accrue, mais cette stratégie risque d’accentuer la pression à la baisse sur les cours mondiaux.
Au-delà des dynamiques de l’offre, les prix du pétrole subissent également le contrecoup d’un climat économique mondial incertain. Les données récentes en provenance des États-Unis, notamment un ralentissement de l’activité manufacturière et des créations d’emplois en deçà des attentes, ont ravivé les craintes d’une croissance économique en berne. À cela s’ajoutent les tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine, qui pèsent sur les perspectives de demande énergétique. La Chine, deuxième plus grand consommateur de pétrole au monde, voit son activité économique ralentir sous l’effet des restrictions douanières et des incertitudes liées à la guerre commerciale. Ces facteurs macroéconomiques créent un environnement défavorable pour les marchés pétroliers, qui redoutent une contraction de la demande à court et moyen terme.