Le Venezuela est en proie à des turbulences majeures après l’annonce officielle de la réélection de Nicolas Maduro, une victoire controversée qui a déclenché des vagues de manifestations à travers le pays. L’opposition et une partie importante de la population accusent le président sortant de fraude électorale, et le climat politique est désormais chargé de tensions et de violences.
Le 28 juillet, les autorités électorales ont proclamé Nicolas Maduro vainqueur, un résultat qui a immédiatement provoqué une réponse furieuse des citoyens. Le lendemain, des milliers de personnes ont envahi les rues de Caracas et d’autres villes, défiant la pluie pour exprimer leur mécontentement. Les manifestants, brandissant des slogans tels que « Liberté, liberté! », ont même renversé deux statues de l’ancien président Hugo Chavez, figure emblématique du chavisme, avant que la police anti-émeute n’intervienne avec des gaz lacrymogènes.
L’opposition, dirigée par Maria Corina Machado, a contesté les résultats officiels. Machado a affirmé disposer de preuves montrant que son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, avait remporté l’élection avec 6,27 millions de voix contre 2,7 millions pour Maduro. Le président sortant, au pouvoir depuis la mort de Chavez en 2013 et déjà critiqué pour sa réélection controversée en 2018, voit ses résultats récents également ébranlés par des accusations de fraude.
Les manifestations ont été marquées par des affrontements violents. Au moins onze civils, dont deux mineurs, ont perdu la vie, et un militaire a été tué par balle. L’ONG Forum pénal et l’Enquête nationale sur les hôpitaux ont signalé de nombreux blessés parmi les civils et les militaires. En réponse à cette crise, le parquet a annoncé l’arrestation de 749 personnes, dont certaines sont accusées de terrorisme. L’opposition dénonce une escalade de la répression, illustrée par l’arrestation de Freddy Superlano, un de ses leaders.
Nicolas Maduro a réagi en accusant l’opposition d’être à l’origine de la violence et en promettant des représailles contre ses adversaires, qu’il qualifie de « diables et démons ». Il a aussi pris des mesures drastiques contre les pays critiques en suspendant les vols commerciaux avec le Panama et la République dominicaine et en retirant le personnel diplomatique de sept pays latino-américains.
Les réactions internationales sont divisées. La Chine et la Russie ont exprimé leur soutien à Maduro, tandis que Washington et l’Union européenne ont critiqué la répression et appelé au respect des droits de manifester. Neuf pays d’Amérique latine ont exigé un réexamen des résultats électoraux avec des observateurs indépendants. Le Pérou a reconnu Gonzalez Urrutia comme président légitime, et le Costa Rica lui a accordé l’asile politique. En revanche, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a demandé de ne pas s’ingérer dans les affaires du Venezuela tout en appelant à la transparence des résultats.
La réélection de Nicolas Maduro plonge le Venezuela dans une nouvelle crise politique et sociale. Déjà affaibli par une crise économique profonde, marquée par l’effondrement de la production pétrolière, une pauvreté endémique et des systèmes de santé et d’éducation en ruine, le pays doit maintenant faire face à une contestation violente et à une pression internationale croissante. Les jours à venir seront cruciaux pour déterminer l’avenir politique du Venezuela et la stabilité de la région. Le rôle des forces armées, leur loyauté envers Maduro, et la capacité de l’opposition à maintenir la pression seront des facteurs décisifs dans l’évolution de cette crise.