L’intégration récente de l’Algérie à la Nouvelle Banque de Développement (NDB) des BRICS, annoncée le 31 août 2024 par Dilma Rousseff, représente une avancée stratégique majeure pour l’économie algérienne. Bien que cette adhésion ne confère pas une appartenance formelle au groupe BRICS, elle marque un renforcement significatif des liens économiques entre l’Algérie et les pays membres de la NDB : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
L’adhésion de l’Algérie à la NDB est perçue comme un effort pour diversifier ses relations économiques internationales et réduire sa dépendance vis-à-vis des institutions financières traditionnelles comme la Banque Mondiale et le FMI. L’engagement financier initial de 1,5 milliard de dollars, bien qu’impressionnant, ne garantit pas nécessairement un impact immédiat ou significatif sur l’économie algérienne. L’idée de diversifier les sources de financement est effectivement pertinente, mais elle ne résout pas les problèmes structurels fondamentaux qui affligent l’économie du pays.
L’argument selon lequel la NDB pourrait offrir des conditions de financement plus avantageuses est séduisant mais simpliste. La réalité est que les conditions offertes par la NDB ne sont pas nécessairement meilleures en tous points. Les prêts de la NDB pourraient aussi comporter des exigences spécifiques qui pourraient ne pas convenir aux réalités économiques algériennes. En outre, la NDB, malgré son focus sur les pays émergents, est encore une institution relativement jeune et ses mécanismes de financement n’ont pas encore fait leurs preuves à long terme.
Les défis auxquels l’Algérie est confrontée ne se limiteront pas à être atténués par l’adhésion à la NDB. La dépendance continue du pays vis-à-vis des hydrocarbures et les lacunes en matière de gouvernance économique restent des obstacles majeurs. L’économie algérienne, bien que relativement grande en Afrique, est loin d’être résiliente. La croissance de 3,5% enregistrée au premier semestre 2024, bien qu’encourageante, est en grande partie soutenue par les exportations d’hydrocarbures, un secteur volatile et de plus en plus contesté par les enjeux environnementaux et économiques mondiaux.
Le taux de chômage élevé de 10,4% et la difficulté persistante à diversifier l’économie en dehors du secteur pétrolier soulignent les faiblesses structurelles profondes. Les investissements dans l’agriculture et les technologies de l’information sont nécessaires mais ne suffisent pas à eux seuls à transformer l’économie algérienne sans des réformes structurelles profondes et une meilleure gestion économique.
La solidarité des BRICS, bien que visible dans divers domaines, n’est pas sans ambiguïtés. Le soutien apporté par les membres des BRICS, notamment la Chine et la Russie, est parfois perçu comme une forme de soutien stratégique qui pourrait servir leurs propres intérêts géopolitiques. L’intégration de l’Algérie à la NDB pourrait renforcer les relations économiques avec ces pays, mais cela pourrait également exposer l’Algérie à des pressions géopolitiques et économiques particulières.
En outre, l’influence croissante des BRICS dans la région pourrait modifier les dynamiques économiques et politiques régionales, en particulier en Afrique du Nord. L’Algérie devra naviguer avec prudence dans ce nouvel environnement, en équilibrant ses relations avec ses partenaires traditionnels et les nouvelles alliances créées par son adhésion à la NDB.
En somme, l’adhésion de l’Algérie à la NDB des BRICS représente une opportunité potentielle pour diversifier ses financements et renforcer ses infrastructures. Cependant, elle est loin de constituer une panacée aux défis économiques du pays. Les problèmes structurels persistants, les dépendances économiques et les implications géopolitiques de cette intégration nécessitent une gestion prudente et une réflexion stratégique. L’Algérie devra démontrer une capacité à tirer pleinement parti des opportunités offertes par la NDB tout en abordant les défis internes et en se manoeuvrant dans un environnement géopolitique complexe.