L’Autriche a connu une secousse politique majeure avec la victoire du Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ) aux élections législatives du 29 septembre 2024. Sous la direction de Herbert Kickl, ce parti d’extrême droite a recueilli 29,1 % des voix, devançant ainsi les conservateurs de l’ÖVP du chancelier Karl Nehammer (26,3 %). Ce résultat marque une montée significative par rapport aux élections de 2019, où le FPÖ avait atteint 16 %. Toutefois, malgré cette victoire, le chemin vers le pouvoir pour Kickl reste incertain.
Herbert Kickl a célébré cette victoire comme un « tournant historique », voyant dans ce résultat l’ouverture d’une « nouvelle ère » en Autriche. Cependant, le FPÖ, malgré sa position en tête, se heurte à une réalité politique complexe. La formation d’une coalition gouvernementale semble hors de portée pour l’extrême droite, du moins dans l’immédiat, en raison du rejet de Kickl par la plupart des autres partis. Le chancelier sortant, Karl Nehammer, a reconnu la défaite de son parti, mais reste en lice pour conserver la chancellerie, malgré un recul important de son score électoral.
Le succès du FPÖ reflète une tendance européenne où les partis d’extrême droite, souvent marqués par une rhétorique anti-immigration et eurosceptique, gagnent du terrain. À l’instar du Rassemblement National en France et de la Ligue en Italie, le FPÖ a capitalisé sur les craintes économiques et sociales, ainsi que sur le mécontentement croissant face aux politiques migratoires. La campagne de Kickl a largement exploité ces thématiques, en y ajoutant des éléments conspirationnistes et une opposition farouche aux mesures sanitaires durant la pandémie de Covid-19.
L’ambition de Kickl de devenir chancelier s’accompagne de propositions radicales, notamment celle de la « remigration », visant à expulser des citoyens d’origine étrangère. Il s’est également montré proche de Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, et critique de l’Union européenne, ce qui pourrait modifier radicalement la posture de l’Autriche au sein de l’UE en cas d’arrivée au pouvoir.
Si le FPÖ ne parvient pas à former une coalition, la perspective d’une alliance entre l’ÖVP et d’autres formations reste ouverte. Bien que Nehammer se soit jusqu’à présent opposé à une alliance avec le FPÖ, l’idée n’est pas totalement écartée. Des coalitions similaires ont été formées en 2000 et en 2017. Cependant, un tel scénario pourrait voir les conservateurs jouer un rôle dominant, laissant le FPÖ dans une position subordonnée.
À l’inverse, un gouvernement de coalition plus modéré, incluant les sociaux-démocrates (SPÖ, 21 %) et les libéraux de Neos (9 %), pourrait également voir le jour, bien que cela constituerait une première dans l’histoire politique autrichienne.
La montée en puissance du FPÖ, couplée à l’affaiblissement des Verts (8,3 %), qui formaient jusqu’à présent une coalition avec l’ÖVP, témoigne d’une polarisation croissante de l’électorat autrichien. Les thématiques économiques et migratoires continuent de dominer le débat, et l’avenir politique du pays semble incertain. La capacité du FPÖ à gouverner demeure fragile, et Herbert Kickl devra naviguer dans un paysage politique fracturé pour concrétiser ses ambitions.
Ainsi, si le FPÖ a indéniablement remporté une victoire historique, la possibilité de voir Herbert Kickl accéder à la chancellerie reste encore très incertaine. Le prochain gouvernement autrichien devra non seulement répondre aux défis internes, mais aussi composer avec les répercussions de cette élection sur la scène européenne et internationale.