Le 17 novembre 2024, le pape François a pris une position sans précédent en appelant à une enquête pour déterminer si les actions israéliennes à Gaza constituent un génocide. Cette déclaration, formulée dans des extraits d’un livre à venir, marque un tournant majeur dans son discours habituellement modéré, lui qui a toujours évité de prendre des positions fermes sur des conflits internationaux. En affirmant que les événements à Gaza présentent « les caractéristiques d’un génocide », le pape se situe désormais au cœur d’un débat juridique et moral complexe sur la conduite d’Israël dans ce conflit.
Cette prise de position intervient dans un contexte mondial où les tensions autour du conflit israélo-palestinien se sont exacerbées. La guerre à Gaza, qui a fait plus de 43 000 morts, en grande majorité des civils palestiniens, a déstabilisé la région et alimenté les critiques internationales. La communauté internationale, y compris des organisations comme les Nations Unies, a fait état de possibles crimes de guerre et de violations des droits humains, renforçant l’urgence d’une enquête indépendante. Le pape, en appelant à une investigation, rejoint donc un nombre croissant de voix qui demandent une transparence sur la nature des actions israéliennes.
L’utilisation du terme « génocide » par François, bien qu’il ne soit pas formellement adopté dans le langage diplomatique du Vatican, résonne comme un acte de défiance face à la politique israélienne et ses soutiens, notamment les États-Unis. Ce terme, lourd de sens, implique une intention systématique d’anéantir un groupe ethnique ou religieux, une accusation grave qui a des implications juridiques et politiques profondes. Le pape, traditionnellement ancré dans une position de neutralité morale, semble désormais plus disposé à dénoncer ce qu’il considère comme des injustices évidentes, quitte à se confronter aux puissances qui soutiennent Israël.
Il convient de souligner que ce n’est pas la première fois que le pape se montre critique à l’égard des violences israéliennes. Depuis plusieurs mois, il a régulièrement dénoncé les souffrances infligées aux Palestiniens, notamment les morts d’enfants dans les frappes israéliennes et les destructions massives à Gaza. Il a aussi exprimé son désaveu face à la violence au Liban et ailleurs, prônant la paix et la fin des hostilités. Cependant, son appel à une enquête sur le génocide va plus loin qu’une simple condamnation des faits ; il marque un tournant dans sa politique de désescalade en soulignant la nécessité d’une réponse internationale claire et sans ambiguïté face à ce qu’il qualifie de possible crime contre l’humanité.
Le contexte juridique entourant cette question est également crucial. Plusieurs institutions internationales, dont la Cour internationale de justice, ont entamé des démarches pour examiner les agissements israéliens dans le cadre du conflit. L’Afrique du Sud, soutenue par plusieurs nations, a porté plainte contre Israël pour génocide, demandant une enquête formelle à la Cour internationale. Bien que l’affaire n’ait pas encore été tranchée, ces actions renforcent la pression sur Israël et augmentent la légitimité des accusations portées par le pape.