Condamné en décembre dernier à 20 ans de réclusion criminelle pour viols aggravés sur son ex-épouse Gisèle Pelicot, Dominique Pelicot a été entendu jeudi par une juge d’instruction du pôle dédié aux crimes sériels à Nanterre. Pendant quatre heures, il a dû répondre aux questions des enquêteurs concernant deux affaires criminelles toujours non élucidées. Cette audition, confirmée par son avocate Béatrice Zavarro, s’inscrit dans le cadre d’une instruction en cours depuis octobre 2022.
Selon Me Zavarro, « M. Pelicot a répondu à toutes les questions en coopérant comme il l’a toujours fait ». Une première audition sur le fond avait déjà eu lieu en octobre 2023. Les enquêteurs cherchent à déterminer si son implication dépasse les crimes pour lesquels il a déjà été condamné, en raison de certaines similitudes troublantes avec d’autres faits criminels.
Le procès de Dominique Pelicot, qui s’est tenu entre septembre et décembre à Avignon, a mis en lumière l’ampleur des sévices qu’il a fait subir à son ex-épouse durant plus d’une décennie. Sous soumission chimique, Gisèle Pelicot a été violée par son mari ainsi que par des dizaines d’hommes qu’il invitait à leur domicile à son insu. Cette période de violence systématique, qui s’étend sur près de vingt ans, amène les autorités à se questionner sur d’éventuels autres crimes commis entre-temps.
Lors de son procès, Dominique Pelicot avait fait des révélations troublantes au sujet des deux affaires sur lesquelles il a été interrogé. En novembre, il avait reconnu son implication dans une tentative de viol sur une femme désignée sous le pseudonyme de Marion en 1999. Il avait alors admis l’avoir partiellement déshabillée avant de renoncer lorsqu’elle s’est débattue. « J’ai retiré son T-shirt, ses chaussures et son pantalon, [mais] je n’ai rien fait, cela m’a paniqué qu’elle se détache », avait-il déclaré devant la cour.
Outre la tentative de viol de 1999, Dominique Pelicot est également soupçonné d’avoir un lien avec le meurtre de Sophie Narme, une agente immobilière de 23 ans, retrouvée morte à Paris en 1991 après avoir été agressée sexuellement. Malgré les similitudes entre les deux affaires, il nie toute implication dans ce crime. « Je n’ai aucun rapport avec cette affaire », avait-il assuré au tribunal.
Les enquêteurs relèvent pourtant plusieurs éléments communs : les deux victimes étaient de jeunes agentes immobilières, contactées par un homme utilisant une fausse identité pour visiter un bien immobilier. Toutes deux ont été retrouvées partiellement déshabillées de la même manière, et dans les deux cas, une forte odeur d’éther a été détectée sur les lieux du crime. Cette substance avait été utilisée pour neutraliser Marion en 1999.
L’issue de l’audition de Dominique Pelicot pourrait apporter des éléments décisifs aux enquêteurs en charge des deux affaires non élucidées. Pour les parties civiles, ces avancées sont particulièrement attendues. Contactée par l’AFP, Me Florence Rault, qui représente les victimes, a indiqué qu’elle attendait les conclusions de cette audition avant de faire de nouvelles déclarations.
Alors que l’affaire des viols de Mazan a révélé l’horreur des crimes commis par Pelicot sur son ex-épouse, la justice cherche désormais à établir si cet homme, au passé criminel particulièrement lourd, est impliqué dans d’autres actes tout aussi graves. L’enquête en cours pourrait ainsi lever le voile sur des crimes non résolus depuis plusieurs décennies et apporter enfin des réponses aux familles des victimes.