Dans un rebondissement marquant, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a révélé cette semaine que Boualem Sansal, écrivain français d’origine algérienne détenu depuis près de trois mois en Algérie, est sorti de l’hôpital militaire après avoir été déclaré guéri. Il a depuis été renvoyé dans une prison isolée pour prisonniers politiques à Alger. Ces informations, communiquées par l’épouse de l’écrivain, ont été confirmées par le ministre lors d’une interview accordée à Sud Radio.
Jean-Noël Barrot a également dénoncé le refus des autorités algériennes d’autoriser une visite consulaire française, une décision qualifiée de « violation flagrante des lois internationales ». Cette situation intervient dans un contexte déjà tendu entre les deux pays, alimenté par l’arrestation de Sansal en novembre dernier à l’aéroport d’Alger.
La France a vivement réagi à la détention de Boualem Sansal, qui possède la double nationalité franco-algérienne. L’écrivain avait été interpellé après avoir tenu des propos controversés sur l’annexion de territoires marocains à l’ouest de l’Algérie. Pour Paris, cette arrestation est « injustifiée et inacceptable », d’autant plus que les autorités algériennes n’ont, selon elles, fourni aucune preuve tangible justifiant ces accusations.
Dans une déclaration à France Info , reprise par l’ AFP , Jean-Noël Barrot a insisté : « Rien dans les activités de Boualem Sansal ne justifie les accusations portées contre lui. » Il a ajouté que cette affaire risquait d’envenimer davantage les relations déjà fragiles entre la France et l’Algérie.
L’affaire Sansal met en lumière les tensions persistantes entre les deux pays, notamment sur les questions de liberté d’expression et de droits de l’homme. Alors que les médias algériens se targuent régulièrement de garantir ces libertés, la détention d’un écrivain franco-algérien pour ses prises de position politiques suscite des interrogations.
Jean-Noël Barrot n’a pas manqué de souligner cette contradiction : « L’Algérie se présente comme un défenseur des droits de l’homme, mais l’arrestation d’un écrivain sans preuves solides est difficilement conciliable avec cette image. »
Cette affaire s’ajoute à une série de contentieux entre Paris et Alger, notamment sur des questions migratoires, économiques et historiques. La France craint que cette détention, perçue comme arbitraire, ne vienne encore exacerber les relations bilatérales.
Pour l’heure, Boualem Sansal reste incarcéré, et les autorités algériennes n’ont pas répondu aux demandes de clarification de la France. En l’absence de dialogue constructif, cette crise pourrait bien s’enliser, avec des conséquences imprévisibles pour les deux pays.