Le marché mondial du pétrole traverse une période de turbulences marquée par une baisse significative des prix du brut. Le prix du pétrole Brent a chuté de 4 %, tombant sous la barre des 85 dollars le baril, une tendance amorcée pendant les vacances américaines et qui se poursuit sous l’impact de plusieurs facteurs économiques et géopolitiques. Cette chute s’avère particulièrement problématique pour des pays producteurs comme l’Arabie saoudite et l’Algérie, dont l’économie dépend largement des recettes pétrolières. L’Algérie, en particulier, qui cherche à stabiliser son budget et diversifier ses sources de revenus, se retrouve sous pression, d’autant plus que son équilibre financier repose sur un prix du pétrole supérieur à 85 dollars le baril.
Les négociations menées mercredi 29 avril entre les membres de l’OPEP+ ont été marquées par des discussions tendues sur la gestion de cette crise. Les pays producteurs, dont l’Algérie, ont échangé des propositions pour ajuster la production et éviter une prolongation de la chute des prix. Un consensus a été difficile à atteindre, certains membres cherchant à maintenir leurs quotas de production pour préserver leurs revenus, tandis que d’autres, comme l’Arabie saoudite, ont plaidé pour des réductions supplémentaires. L’Algérie, de son côté, a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération intra-OPEP+ tout en adoptant des politiques adaptées à la réalité économique de chaque pays membre, notamment en tenant compte des besoins spécifiques des économies les plus vulnérables aux fluctuations des prix du pétrole.
Deux facteurs majeurs expliquent cette baisse des prix. Tout d’abord, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, exacerbée par les droits de douane imposés par Donald Trump en avril, a perturbé les prévisions économiques mondiales et réduit la demande pour le pétrole. Cette guerre commerciale, baptisée « Jour de la Liberté » par Trump, a eu pour conséquence de ralentir la croissance économique mondiale, particulièrement en Chine et aux États-Unis, deux grands consommateurs de pétrole. Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2025, estimant désormais un PIB mondial en expansion de 2,8 %, contre 3,3 % estimés auparavant.
La baisse de la demande de pétrole a été particulièrement marquée dans les pays dépendants du commerce international en Asie, en particulier en Chine, où l’impact des tarifs douaniers a été particulièrement sévère. En outre, les producteurs de produits pétrochimiques, comme les plastiques et les engrais, ont été touchés, les fabricants chinois devant faire face à des coûts plus élevés pour leurs matières premières.
Le second facteur majeur derrière la chute des prix est l’initiative de l’OPEP+, qui a décidé d’augmenter sa production de pétrole de 411 000 barils par jour dès mai 2025, soit trois fois plus que ce qui avait été prévu initialement. L’OPEP+ a justifié cette décision en réponse à l’excédent de production de pays comme le Kazakhstan et l’Irak, qui ont dépassé leurs quotas. Cette augmentation de l’offre a eu pour effet de faire baisser les prix, exerçant ainsi une pression sur les producteurs qui ne respectent pas les quotas fixés, tout en envoyant un signal fort : si ces pays ne se conforment pas, les conséquences seront lourdes pour l’ensemble des producteurs. L’Algérie, en tant que producteur majeur au sein de l’OPEP+, se trouve au centre de cette dynamique, devant équilibrer ses propres intérêts économiques avec ceux du groupe.
La baisse des prix du pétrole profite aux pays importateurs d’énergie, qui bénéficient de coûts de carburant réduits. En Europe, par exemple, la baisse de la valeur du dollar a accentué les effets de cette chute des prix pour les acheteurs européens, entraînant une réduction des prix de l’essence et du diesel. En Allemagne, les ventes de fioul ont atteint des niveaux records, les consommateurs ayant profité de la baisse des prix pour remplir leurs réservoirs. Aux États-Unis, les prix de l’essence ont également chuté, ce qui pourrait stimuler la demande durant la saison estivale.
Cependant, cette baisse est préjudiciable pour les pays exportateurs de pétrole, en particulier l’Arabie saoudite et l’Algérie, dont les économies sont étroitement liées aux revenus pétroliers. Selon le FMI, l’Algérie a besoin d’un prix du pétrole supérieur à 85 dollars le baril pour maintenir son équilibre budgétaire, et tout déclin sous ce seuil pourrait entraîner des tensions économiques internes. Pour pallier cette situation, le pays pourrait être amené à ajuster ses dépenses publiques ou à rechercher de nouvelles sources de financement.
Les tensions géopolitiques, notamment la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, ont également exacerbé l’incertitude sur l’approvisionnement énergétique mondial. Cela a poussé certains pays européens à accélérer leur transition énergétique, en dépit de la concurrence des énergies fossiles moins chères.