Le verdict est tombé. Ce mercredi 30 avril 2025, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé la condamnation de Youcef Atal, international algérien et ancien joueur de l’OGC Nice, à huit mois de prison avec sursis et 45 000 euros d’amende pour incitation à la haine.
L’affaire remonte à octobre 2023, cinq jours après l’attaque du Hamas contre Israël. Dans ce climat déjà tendu, Atal publie sur Instagram une vidéo d’un prédicateur palestinien contenant un message ouvertement antisémite, visionnée par des millions d’abonnés avant d’être supprimée. L’impact médiatique est immédiat. La LICRA, la LFP et le Crif Sud-Est se constituent parties civiles. Le joueur est suspendu par son club, lâché par ses sponsors, et quitte la Ligue 1 pour rejoindre Al-Sadd, au Qatar.
Durant le procès, Atal a tenté de se défendre en invoquant l’erreur et le manque de discernement :
« Je ne fais pas de politique. Je ne suis qu’un joueur de foot », a-t-il déclaré à la barre, affirmant n’avoir pas regardé la vidéo jusqu’au bout avant de la partager. Il a exprimé ses regrets, mais le tribunal n’a pas retenu la bonne foi. La vidéo, jugée clairement incitative à la haine en raison de la religion, ne laissait que peu de place à l’ambiguïté.
En appel, la cour confirme la peine initiale, assortie d’une amende de 45 000 euros et d’un dédommagement de 15 000 euros à verser aux parties civiles.
Au-delà de l’aspect strictement judiciaire, l’affaire Atal reflète les tensions grandissantes autour de la liberté d’expression, des responsabilités publiques des figures sportives, et de l’instrumentalisation des réseaux sociaux dans les conflits internationaux.
Dans une époque où le moindre message peut avoir une portée mondiale, les sportifs de haut niveau, même lorsqu’ils se disent « apolitiques », ne peuvent plus ignorer l’impact de leur parole. Atal, figure respectée du football algérien, paie aujourd’hui le prix d’une publication jugée incompatible avec les valeurs de tolérance et de neutralité attendues de personnalités publiques.
Pour l’Algérie, cette affaire soulève des débats : certains y voient une stigmatisation d’un soutien à la cause palestinienne ; d’autres, au contraire, rappellent l’importance de dissocier la solidarité avec un peuple et la diffusion de messages violents ou discriminatoires.