Libreville, 3 mai 2025 – À 50 ans, Brice Clotaire Oligui Nguema est officiellement devenu le premier président de la Ve République gabonaise. Vainqueur de la présidentielle du 12 avril avec 94,85 % des voix, il a prêté serment samedi au stade d’Angondjé, devant une foule de 40 000 personnes et seize chefs d’État africains. Cette investiture marque la fin d’une transition de 19 mois, amorcée en août 2023 après la destitution d’Ali Bongo, et clôt symboliquement plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo.
Dans une mise en scène républicaine et populaire, le général-président, vêtu d’un sobre costume civil et arborant l’écharpe présidentielle rouge, est entré dans le stade debout à l’arrière d’un véhicule au toit ouvert. C’est la main posée sur la nouvelle Constitution, adoptée par référendum en novembre 2024, qu’il a prêté serment : « Je m’engage devant Dieu, devant nos ancêtres et devant le peuple gabonais, à consacrer toutes mes forces à son bien-être. »
Parmi les dirigeants présents figuraient Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Mahamat Déby (Tchad), ou encore Mamadi Doumbouya (Guinée), à qui Oligui Nguema a symboliquement transmis une torche représentant « la lumière, l’espoir et la responsabilité partagée », en signe d’appel à une transition pacifique dans son pays.
Jamais une prestation de serment présidentielle n’avait rassemblé un public aussi large au Gabon. Dès l’aube, la capitale a été paralysée par des embouteillages massifs, tandis que les abords du stade, nettoyés et repeints en urgence, accueillaient des milliers de spectateurs arborant t-shirts et drapeaux à l’effigie du nouveau président. Après le serment, la cérémonie s’est poursuivie par un défilé militaire et un saut de parachutistes.
Dans son discours, Brice Oligui Nguema a promis une « refondation nationale » axée sur la diversification économique, la lutte contre le chômage des jeunes (qui frôle les 40 %), la modernisation des infrastructures et l’éradication de la corruption. Il a fustigé « l’impunité, la cupidité et le laxisme » qui, selon lui, gangrènent les institutions du pays.
Conformément à la nouvelle Constitution, il dirigera sans Premier ministre, mais avec un vice-président, dans un système renforcé de présidentialisme. Les prochaines étapes politiques sont déjà tracées : élections législatives le 27 septembre, municipales le 11 octobre, sénatoriales avant fin 2025, et installation d’une nouvelle Cour constitutionnelle le 23 décembre.
Dans un ultime communiqué diffusé avant l’investiture, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a annoncé sa dissolution et le retour des militaires « dans les casernes ». Le colonel Ulrich Manfoumbi a salué « un retour à l’ordre constitutionnel civil » et une transition jugée « exemplaire » par le facilitateur de la CEAC, Faustin-Archange Touadéra.
Malgré l’euphorie ambiante, certains citoyens affichent une prudente attente : « Il ne faut pas qu’il devienne comme les autres. On espère qu’il respectera ses engagements », confie un participant.
Brice Oligui Nguema hérite d’un pays riche en pétrole, mais en proie à une dette publique alarmante (proche de 80 % du PIB), à une crise énergétique chronique et à des infrastructures largement dégradées. C’est désormais sur sa capacité à passer des discours aux actes que se jouera la réussite de ce nouveau chapitre gabonais.