Le 12 mai 2025 marque le début officiel de la campagne présidentielle en Corée du Sud, avec la présentation des principaux candidats : Lee Jae-myung, le démocrate progressiste, et Kim Moon-soo, le conservateur du Parti du pouvoir du peuple (PPP). Ces élections, prévues pour le 3 juin, font suite à la destitution de l’actuel président, Yoon Suk Yeol, en raison de la controverse autour de sa tentative de déclaration de la loi martiale, un incident qui a secoué la scène politique et révélé des tensions profondes dans la société sud-coréenne.
Lee Jae-myung, issu d’un milieu modeste, incarne une figure de la résilience et de l’engagement social. Né en 1963 dans une famille pauvre de la province de Gyeongsang du Nord, Lee a surmonté les difficultés de son enfance pour réussir ses études et devenir avocat, se spécialisant dans les droits humains. Sa carrière politique débute dans les années 2000, lorsqu’il est élu maire de Seongnam puis gouverneur de la province de Gyeonggi. Bien que sa candidature en 2022 ait échoué face à Yoon, Lee reste un des leaders du Parti démocrate et est actuellement en tête des sondages, avec 52,1 % des intentions de vote, loin devant Kim Moon-soo, le candidat conservateur, qui recueille 31,1 %. Son échec passé et les tentatives d’assassinat qu’il a subies en 2024 témoignent de l’hostilité qu’il suscite chez certains secteurs conservateurs du pays.
Kim Moon-soo, candidat du PPP, a lancé sa campagne au marché traditionnel de Garak, dans le sud-ouest de Séoul, soulignant son intention de relancer l’économie sud-coréenne, qui traverse une période de stagnation. Mettant l’accent sur les préoccupations quotidiennes des Sud-Coréens, il a promis de rendre la vie plus abordable et plus stable pour ses concitoyens. « Je pense que je dois être un président qui fera de la Corée du Sud un meilleur endroit pour vivre », a-t-il déclaré lors de son discours inaugural. Kim a également évoqué les luttes internes de son parti, notamment son récent conflit avec l’ancien Premier ministre Han Duck-soo, qu’il considère comme un signe de la «unité renforcée» au sein du camp conservateur.
Kim, bien que loin derrière Lee dans les sondages, reste optimiste. Il estime que les débats internes au sein du PPP ont permis d’asseoir sa position et confiant dans la dynamique de sa campagne, il croit qu’il est capable de combler l’écart avec son adversaire démocrate. Plus tard dans la journée, Kim a rendu hommage aux anciens combattants au cimetière national de Daejeon, dans le centre du pays, avant de se rendre à un autre marché à Daegu, un bastion conservateur.
La campagne présidentielle de 2025 se déroule dans un climat politique particulièrement tendu. La destitution de Yoon Suk Yeol en avril a plongé la Corée du Sud dans une crise institutionnelle qui a mis en lumière les divisions profondes entre les partis politiques et la population. Les tensions sont exacerbées par une économie nationale en difficulté, avec des secteurs stratégiques qui peinent à se relever après des années de stagnation.
Le futur président, qu’il soit Lee ou Kim, héritera d’une nation en quête de stabilité, mais aussi d’une société déchirée par des luttes idéologiques. Si Lee Jae-myung incarne une opposition progressiste forte, Kim Moon-soo représente l’establishment conservateur, prêt à se battre pour remettre en ordre un pays où les inégalités socio-économiques demeurent une source de frustration croissante.
Un autre sujet incontournable de cette campagne concerne la politique étrangère, notamment les relations avec la Corée du Nord. La question de la réunification reste un enjeu fondamental pour le futur président. Kim Moon-soo, avec sa vision plus conservatrice, met en avant la nécessité de maintenir une position ferme vis-à-vis de Pyongyang, tandis que Lee Jae-myung pourrait adopter une approche plus diplomatique, cherchant à apaiser les tensions et à renouer le dialogue.
Les deux candidats devront également naviguer dans un environnement international complexe, marqué par la montée en puissance de la Chine et l’évolution des relations avec les États-Unis. Le futur président sud-coréen devra trouver un équilibre entre ces grandes puissances, tout en préservant les intérêts nationaux.