Dans une campagne électorale des plus étonnantes, l’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte, actuellement incarcéré à La Haye pour crimes contre l’humanité, pourrait bien être élu maire de sa ville natale, Davao, lors des élections municipales prévues pour lundi prochain. En dépit de son arrestation par la Cour pénale internationale (CPI) en mars 2025, il reste l’un des candidats les plus populaires.
Duterte, qui a régné sur le pays avec une politique de tolérance zéro, notamment pour la lutte contre les drogues, pourrait revenir à la tête de Davao, un poste qu’il a occupé à plusieurs reprises au cours des deux dernières décennies. Son procès pour crimes contre l’humanité fait suite à sa guerre brutale contre les narcotrafiquants, qui a entraîné des milliers de morts, parmi lesquels beaucoup d’innocents. Pourtant, selon la loi philippine, une condamnation pénale locale est la seule à pouvoir l’empêcher de se présenter aux élections.
Malgré sa situation judiciaire, Duterte bénéficie toujours d’un soutien massif dans sa ville d’origine, où sa réputation d’avoir restauré l’ordre et la sécurité reste intacte. « Quand j’étais plus jeune, c’était un endroit dangereux, mais Duterte a changé cela », témoigne Ian Baldoza, un résident fidèle de Davao. Pour de nombreux habitants, la politique de Duterte est synonyme de sécurité, et sa guerre contre la drogue est vue comme une manière d’assainir la ville, même si des centaines de meurtres sont survenus dans ce cadre.
Pourtant, sa campagne n’a pas eu lieu sur le terrain, mais à travers les ondes et des messages de soutien de sa famille, notamment de sa fille, la vice-présidente Sara Duterte. Elle a exprimé sa gratitude envers les partisans de son père, réaffirmant leur engagement envers la famille Duterte et les valeurs qu’elle incarne.
La victoire de Duterte à la mairie de Davao pourrait non seulement renforcer la position de son clan politique dans le pays, mais aussi marquer un tournant dans une dynastie qui fait face à des défis croissants. L’élection pourrait également être une démonstration de l’ampleur du soutien populaire pour une figure controversée qui reste fermement enracinée dans le cœur de nombreux Philippins.
Cependant, des tensions se dessinent dans cette élection. Les fils de Duterte, Sebastian et Paolo, sont eux aussi en lice pour des sièges politiques importants, ce qui montre que l’influence du clan Duterte s’étend bien au-delà des frontières de Davao. Mais cette domination pourrait bien être remise en question par des adversaires politiques, notamment les Nograles, une autre famille influente dans la région, qui défie les Duterte pour les postes clés de la ville.
À l’international, la situation est plus tendue. Le procès de Duterte à La Haye pour crimes contre l’humanité, lié à sa guerre contre la drogue, pourrait bien altérer son image à l’échelle mondiale, mais cela ne semble pas avoir d’impact sur sa popularité locale. Au contraire, certains électeurs considèrent que les attaques contre Duterte ne font que renforcer sa position en tant que défenseur du peuple et de la sécurité.
Le futur de Duterte à la tête de Davao, s’il est élu, reste incertain, notamment en raison de sa situation judiciaire. S’il ne peut pas prêter serment en raison de sa détention, il pourrait le faire par visioconférence, ou déléguer les responsabilités à un maire adjoint. Si cela n’est pas possible, l’autre candidat en lice, Karlo Nograles, pourrait bien prendre sa place.
En attendant, l’élection municipale de Davao semble marquer la prochaine étape d’une saga politique où la figure de Duterte continue de polariser les esprits tout en maintenant une emprise indéniable sur le pays.La CPI a fixé la prochaine audience pour le 23 septembre.