Une attaque jihadiste d’une ampleur inédite a frappé la ville de Djibo, dans le nord du Burkina Faso, dimanche 11 mai 2025, faisant plus de 100 morts, principalement des militaires. L’assaut a été mené par le groupe Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, qui a simultanément attaqué huit localités pour affaiblir les capacités aériennes de l’armée burkinabè.
Les assaillants ont d’abord pris le contrôle des points d’entrée de la ville avant de lancer une offensive ciblée contre les camps militaires, dont celui de l’unité spéciale antiterroriste. La violence de l’attaque, marquée par une action rapide et bien coordonnée, a eu un impact particulièrement dévastateur. Contrairement aux précédentes attaques, aucune frappe aérienne n’a été enregistrée en réponse de la part des forces nationales, ce qui soulève des interrogations sur les capacités de l’armée burkinabè à faire face à de telles menaces.
La situation sécuritaire au Burkina Faso, déjà fragile depuis le coup d’État de septembre 2022, s’est de plus en plus détériorée. Actuellement, plus de 60 % du territoire échappe au contrôle de l’État, ce qui a permis aux groupes jihadistes de se renforcer et d’élargir leur emprise. L’attaque à Djibo illustre la liberté de mouvement croissante de ces groupes dans une zone où l’instabilité est déjà exacerbée par la crise humanitaire et les tensions internes. La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle survient alors que les autorités burkinabè font face à des critiques croissantes concernant leur stratégie de recrutement de milices civiles, souvent accusées d’aggraver les tensions ethniques et de contribuer à l’escalade de la violence.
Bien que les autorités burkinabè n’aient pas encore fourni de bilan officiel, des sources locales et humanitaires confirment le nombre élevé de victimes. En réponse à cette attaque, la communauté internationale a exigé une enquête indépendante, soulignant que les attaques délibérées contre des civils et des installations militaires sont des violations graves du droit international humanitaire et peuvent être considérées comme des crimes de guerre.
Dans le contexte géopolitique actuel du Sahel, marqué par la lutte contre les groupes jihadistes et la persistance de conflits internes, l’attaque de Djibo représente un tournant inquiétant. Elle met en évidence non seulement les limites des capacités militaires du Burkina Faso, mais aussi la complexité de la situation sécuritaire dans une région où les alliances sont souvent floues et les stratégies de réponse, comme celle du gouvernement burkinabè, de plus en plus contestées.