Le discours du ministre des Travaux publics, Lakhdar Rekhroukh, prononcé à Alger lors d’une réunion à l’École Supérieure de Management des Travaux Publics, sonne davantage comme un constat d’échec que comme une vision ambitieuse. En appelant à « élaborer un programme national efficace pour la formation des cadres », le ministre admet implicitement que le secteur n’a toujours pas de stratégie claire ni durable pour encadrer ses propres ressources humaines — un comble, au vu des milliards mobilisés pour les infrastructures nationales.
Derrière les formules convenues sur « le transfert d’expertise » et les « partenariats étrangers », se cache une réalité troublante : l’Algérie reste structurellement dépendante de l’expertise étrangère pour réaliser et gérer ses grands projets. La présence de représentants de la China Railway Construction Corporation (CRCC) en dit long sur cette dépendance, alors que les établissements de formation, comme l’ESMTP, peinent encore à produire des compétences opérationnelles et autonomes.
Pire encore, l’appel lancé aux entreprises nationales pour « adhérer activement à la dynamique de formation » laisse entendre que ces dernières ne participent toujours pas réellement à l’effort de professionnalisation du secteur. Est-ce parce qu’elles en sont incapables ? Mal encadrées ? Ou simplement peu concernées tant qu’elles restent sous perfusion de commandes publiques ?
Ce type de réunion, saturée de jargon technocratique, souligne aussi l’écart croissant entre le discours institutionnel et les besoins réels sur le terrain. Ce n’est pas d’un « cadre de concertation » que souffre le secteur, mais d’une absence chronique de vision à long terme, doublée d’un pilotage bureaucratique inefficace.
Autrement dit, tant que les « grands chantiers » continueront à être livrés clé en main par des opérateurs étrangers, la promesse de souveraineté technique restera un slogan vide — et la « formation des cadres », une rustine posée sur un échec systémique.
