Rien ne laissait présager une telle tournure. Alors que la Ligue de boxe de la wilaya de Tiaret venait d’achever son mandat olympique sur un bilan globalement positif, notamment sur le plan sportif, voilà qu’elle se retrouve au cœur d’une controverse inattendue. En cause : des réserves émises par la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) sur sa gestion, qui viennent jeter une ombre sur les résultats engrangés depuis 2019.
Le directeur de la DJS de Tiaret, Amar Sellani, a exprimé, dans une déclaration au quotidien El Watan, des doutes sur la conformité de la ligue avec les textes réglementaires, évoquant même des « dépassements d’ordre moral » survenus en fin de mandat. Une accusation à la fois vague et lourde de conséquences, qui alimente les tensions et l’incompréhension parmi les membres sortants de la ligue.
Pourtant, les résultats sont bien là. Le président de la Ligue, Hocine Hamid, met en avant un travail de terrain constant, mené dans des conditions qu’il qualifie de difficiles, souvent sans soutien logistique ou financier adéquat. Il rappelle que neuf médailles nationales ont été glanées en 2024 par les clubs affiliés à la ligue, et que plus de 200 athlètes sont actuellement encadrés, toutes catégories confondues.
À cela s’ajoute la consécration d’Imane Khelif, fille de la région, qui a marqué l’histoire de la boxe algérienne en remportant la médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans la catégorie des poids welters (-66 kg). Originaire du village de Biban Mesbah, Khelif est devenue une icône nationale. Son accueil triomphal à Tiaret a été à la hauteur de son exploit, salué aussi bien par la population que par les autorités locales.
Mais derrière cette réussite, la rupture est manifeste. Du côté de la DJS, on insiste sur la nécessité d’un retour à la légalité. « Les assemblées générales se sont déroulées dans une forme d’anarchie. Nous avons initié des missions de contrôle afin de faire la lumière sur la gestion réelle de la ligue », affirme Sellani. Il ajoute que le DTW (Directeur technique de wilaya) « n’est pas habilité à exercer les fonctions en question », et que seule l’assemblée générale est souveraine pour statuer sur la suite à donner.
La Ligue, elle, s’en tient à l’article 29 des statuts, espérant l’annulation de l’assemblée générale contestée et dénonçant une tentative de mise à l’écart déguisée. Plusieurs acteurs locaux dénoncent des « règlements de comptes » masqués derrière des accusations morales non étayées. Pour certains, cette situation reflète un malaise plus profond dans la gouvernance du sport régional, où les résultats sportifs semblent parfois relégués au second plan.