À l’ouverture des marchés ce lundi 23 juin 2025, les cours du brut ont enregistré un net rebond. Le baril de Brent et son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), ont progressé de plus de 4 %, atteignant leur plus haut niveau depuis janvier. Ainsi, vers 00h30 GMT, le Brent s’établissait à 79,20 USD (+2,2 %) et le WTI à 75,98 USD (+2,1 %).
Cette flambée des cours est directement liée aux frappes aériennes menées par les États-Unis contre plusieurs sites nucléaires en Iran. Selon MUFG, l’incertitude entourant les conséquences de ce nouvel épisode de tension pourrait ajouter jusqu’à 10 USD au prix du baril.
Des analystes, dont ceux de Goldman Sachs, vont plus loin : si les exportations iraniennes venaient à chuter significativement, le Brent pourrait atteindre les 110 USD.
L’Iran, neuvième producteur mondial de pétrole, extrait environ 3,3 millions de barils par jour, dont près de la moitié est destinée à l’exportation, le reste servant à la consommation intérieure. Toute perturbation de cette production, ou toute menace sur le détroit d’Ormuz — par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial — pourrait avoir un impact systémique. Des scénarios évoquent même l’utilisation de mines marines ou la fermeture partielle de couloirs maritimes.
Face à cette perspective, plusieurs économistes tirent la sonnette d’alarme : une crise prolongée et un baril au-delà de 100 USD pourraient alimenter une nouvelle vague d’inflation et freiner la croissance économique mondiale.
Outre les considérations géopolitiques, la hausse rapide des prix du brut ravive en effet les craintes d’un choc inflationniste global. Aux États-Unis, où les prix à la pompe étaient récemment passés sous la barre des 3 dollars le gallon, les hausses pourraient atteindre jusqu’à 75 cents en quelques jours, selon l’expert Andy Lipow. Patrick De Haan (GasBuddy) rappelle que les variations du brut se répercutent dans les stations-service en moins d’une semaine, parfois même en quelques heures en cas de panique.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le Fonds monétaire international (FMI) mettent en garde contre le risque d’une inflation durable, combinée à un ralentissement de l’activité économique mondiale.
Malgré la brutalité du choc, les marchés affichent une certaine retenue, soutenus par des niveaux de stocks mondiaux encore solides et les capacités de réserve de l’OPEP+. Selon les analystes de Citi, les prix pourraient se stabiliser entre 75 et 80 USD le baril, avec un pic potentiel à 90 USD en cas de crise prolongée. Mais cette stabilité reste fragile : une éventuelle riposte iranienne ou un incident majeur dans le Golfe pourrait rapidement faire basculer la situation.
Premier importateur mondial de brut en provenance du Golfe, la Chine suit l’évolution de la crise avec inquiétude. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exhorté Pékin à faire pression sur Téhéran afin d’éviter une nouvelle escalade. « Une fermeture du détroit d’Ormuz frapperait de plein fouet l’économie chinoise », a-t-il averti, soulignant les profondes interdépendances énergétiques dans ce contexte de tension extrême.