À cinq mois du coup d’envoi de la CAN 2025, un nouvel épisode de turbulence frappe le football camerounais. Mercredi 23 juillet, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a annoncé, dans un communiqué officiel, la démission de son sélectionneur national, Marc Brys. L’information a semé la confusion avant d’être immédiatement contredite par l’intéressé lui-même… puis par le ministère des Sports. L’affaire vire à un véritable imbroglio institutionnel, symptomatique des tensions persistantes entre la Fédération dirigée par Samuel Eto’o et l’autorité ministérielle.
La Fecafoot, dans son communiqué, affirmait avoir reçu une lettre de démission signée par Brys et adressée au ministre des Sports. Le ton était grave : « La Fédération camerounaise de football prend acte de la rupture unilatérale de cette relation contractuelle », pouvait-on lire, tout en évoquant l’urgence d’une réponse coordonnée pour limiter l’impact de cette “vacance” technique à la tête des Lions Indomptables.
Mais le rebondissement ne s’est pas fait attendre. Quelques heures plus tard, Marc Brys a publié une lettre de « clarification urgente », dénonçant une manipulation manifeste. Il affirme ne jamais avoir rédigé ou transmis une quelconque lettre de démission, évoquant un probable piratage de sa messagerie professionnelle. « Ce piratage, aussi regrettable qu’inhabituel, a visiblement semé le trouble et suscité une vague de réactions précipitées », écrit-il.
Plus incisif encore, le technicien belge pointe du doigt une possible machination : « Aucun responsable, y compris la Fédération camerounaise de football, n’a pris la peine de me contacter personnellement avant de diffuser cette information. […] Il m’est difficile de ne pas y voir une volonté tacite de mon éviction. »
La réaction du ministère des Sports n’a pas tardé non plus. Dans un communiqué publié en fin d’après-midi, le MINSEP a tenu à « rassurer l’opinion » : Marc Brys est toujours en poste. « L’information relative à une prétendue démission est infondée et relève de la pure manipulation. » Le ministère va plus loin, en renouvelant sa « totale confiance » au sélectionneur, signifiant clairement sa désolidarisation de la position prise par la Fecafoot.
Ce nouvel épisode n’est que le dernier d’une longue série de tensions entre Brys et la Fédération. Depuis sa nomination en avril 2024 pour succéder à Rigobert Song, le technicien belge entretient une relation glaciale avec Samuel Eto’o. En octobre 2024 déjà, Brys avait menacé de démissionner après l’éviction de l’un de ses assistants par la Fédération, un incident qui avait failli tourner à la rupture. Il avait même été brièvement limogé, avant d’être réintégré sous pression du ministère.
En toile de fond, c’est la gouvernance du football camerounais qui interroge. Qui dirige réellement la sélection nationale ? Le ministère, qui finance ? Ou la Fédération, qui revendique l’autorité technique ? En attendant, Marc Brys reste officiellement en poste. Mais dans quelles conditions peut-il encore travailler sereinement ? C’est toute la problématique, à quelques encablures d’un tournoi continental majeur.