Ce vendredi 25 juillet 2025, une délégation iranienne rencontre à Istanbul les représentants des trois grandes puissances européennes – France, Royaume-Uni et Allemagne – pour tenter de relancer les négociations sur le programme nucléaire iranien. Cette réunion intervient dans un contexte diplomatique extrêmement tendu, marqué par une escalade militaire récente et la menace de sanctions internationales renforcées.
Il s’agit du premier face-à-face depuis l’offensive israélienne de mi-juin contre plusieurs sites nucléaires iraniens, une opération suivie de frappes américaines. Ce raid, qui a duré douze jours, a causé la mort de hauts responsables iraniens, notamment des scientifiques du nucléaire, et a sévèrement endommagé des installations stratégiques, tout en impactant des zones civiles. Cet épisode a gravement compromis les discussions directes entamées en avril entre Washington et Téhéran.
L’objectif de cette rencontre à Istanbul est double : d’une part, l’Iran espère faire entendre sa vision face au groupe dit « E3 », et d’autre part, les Européens cherchent à éviter le déclenchement imminent du « mécanisme de snapback » — un processus prévu dans l’accord nucléaire de 2015 qui permettrait de rétablir automatiquement les sanctions onusiennes contre l’Iran, et dont l’activation est envisagée avant son expiration en octobre.
Le porte-parole iranien Esmaeil Baghaei a d’ores et déjà qualifié ces discussions sur la prorogation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité comme « insignifiantes et dénuées de fondement », dénonçant le « double langage » des puissances européennes. De son côté, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a condamné cette menace de réimposition des sanctions comme « totalement illégale » et accuse l’Europe d’avoir rompu ses engagements suite au retrait unilatéral des États-Unis de l’accord en 2018.
Face à cette situation explosive, Téhéran a clairement averti qu’en cas d’activation des sanctions, il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire, ce qui augmenterait considérablement l’isolement international du pays et risquerait d’aggraver une économie déjà fragilisée.
Sur le plan technique, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme que l’Iran enrichit désormais l’uranium à un niveau de 60 % de pureté, largement supérieur au plafond de 3,67 % prévu en 2015, mais restant en deçà du seuil militaire de 90 %. L’Iran affirme cependant que cet enrichissement relève d’un droit « non négociable » à des fins civiles, et nie avec force toute intention d’acquérir l’arme nucléaire, position soutenue par les services de renseignement occidentaux qui n’ont trouvé aucune preuve allant dans ce sens.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a souligné que, malgré les frappes qui ont momentanément suspendu les activités d’enrichissement, le programme nucléaire iranien reste une « fierté nationale » et ne sera pas abandonné.
Pour les Européens, cette réunion est une dernière tentative pour maintenir un cadre diplomatique avant d’enclencher le snapback, jugé indispensable pour contraindre Téhéran à reprendre une coopération pleine et entière avec l’AIEA. La situation demeure cependant précaire, entre la volonté européenne de préserver l’accord et la détermination iranienne à défendre sa souveraineté nucléaire.