Depuis plusieurs jours, la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge est secouée par des affrontements d’une intensité inédite, qui ont forcé plus de 138 000 personnes à fuir précipitamment leurs foyers pour se réfugier dans des abris temporaires en Thaïlande. Ce regain de violence, le plus grave depuis plus d’une décennie, fait craindre une escalade vers un conflit ouvert entre ces deux pays voisins d’Asie du Sud-Est.
Les combats, qui opposent chars, artillerie lourde, lance-roquettes et avions de combat, ont déjà fait plusieurs victimes : au moins 15 morts et une quarantaine de blessés du côté thaïlandais, tandis que le Cambodge déplore un mort et plusieurs blessés. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités et dénoncent des attaques contre des infrastructures civiles, aggravant encore la crise humanitaire.
Face à cette situation explosive, le Premier ministre par intérim de Thaïlande, Phumtham Wechayachai, a mis en garde contre le risque d’une guerre totale, tandis que le Conseil de sécurité des Nations unies se prépare à une réunion d’urgence sur ce dossier, à la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet.
Dans la province thaïlandaise de Surin, près de la frontière, des milliers de déplacés ont trouvé refuge dans des installations comme le gymnase de l’université Surindra Rajabhat, où les familles sont entassées sur des tapis, souvent avec leurs biens les plus précieux emportés à la hâte. Parmi elles, Thidarat Homhuan, mère de famille, exprime son inquiétude pour son domicile, ses récoltes et ses animaux restés dans la zone de conflit, tout en saluant la sécurité relative que lui offre ce refuge.
Cette crise humanitaire révèle la fragilité des populations civiles prises au piège d’un conflit territorial ancien. La frontière contestée, notamment autour du temple de Preah Vihear, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est une source récurrente de tensions entre Bangkok et Phnom Penh, déjà marquées par plusieurs épisodes violents entre 2008 et 2011.
Les échanges d’accusations et les mesures diplomatiques, comme le rappel des ambassadeurs, montrent la gravité de la situation. Alors que l’ASEAN appelle au cessez-le-feu et à une résolution pacifique, les civils déplacés restent dans l’incertitude quant à leur retour et l’avenir de la région.
La communauté internationale, notamment les États-Unis, la France, l’Union européenne et la Chine, appellent à la désescalade et au dialogue, soulignant l’urgence d’une réponse concertée pour éviter une guerre aux conséquences dramatiques.