Les prix du pétrole ont bondi d’environ 2 % jeudi, atteignant leur plus haut niveau en une semaine, portés par l’anticipation des marchés avant une rencontre cruciale entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Les discussions, prévues en Alaska, doivent aborder à la fois la guerre en Ukraine et l’exploitation énergétique dans l’Arctique, deux sujets aux répercussions directes sur l’offre mondiale.
À Londres, le Brent pour livraison en octobre a progressé de 1,21 dollar (+1,84 %) pour clôturer à 66,84 $ le baril, tandis que le WTI américain pour livraison en septembre a gagné 1,31 dollar (+2,09 %) à 63,96 $.
Les traders guettent tout signe d’assouplissement ou de durcissement des sanctions contre Moscou. Un accord prévoyant un allègement partiel pourrait augmenter l’offre de brut russe et peser sur les prix, alors qu’un échec des discussions ou de nouvelles restrictions risqueraient au contraire de resserrer l’offre, en particulier en Europe et en Asie, alimentant ainsi la hausse des cours.
Cette hausse marque une rupture après plusieurs séances moroses, où les investisseurs avaient cédé au pessimisme à la suite de prévisions prudentes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
Le marché reste suspendu aux éventuels signaux d’assouplissement ou de durcissement des sanctions occidentales contre Moscou. Un accord sur un allègement partiel pourrait permettre à davantage de brut russe d’affluer vers les marchés internationaux, exerçant une pression baissière sur les prix. À l’inverse, un échec des pourparlers ou l’annonce de nouvelles restrictions — notamment à l’encontre de grands acheteurs comme la Chine ou la Turquie — pourrait tendre l’offre, en particulier en Europe et en Asie, renforçant la dynamique haussière.
Ce rebond intervient alors que le Brent avait glissé le 13 août sous les 66 dollars, atteignant son plus bas depuis début juin, plombé par les craintes d’un ralentissement économique global et par la perspective d’un excédent pétrolier persistant. Selon les analystes d’ING, « l’optimisme actuel pourrait être prématuré » : l’excédent attendu jusqu’en 2026 et les importantes capacités inutilisées de l’OPEP+ laissent entrevoir une marge pour absorber un choc limité sur l’offre.
Dans ce contexte, l’OPEP+ adopte une posture d’attente stratégique. Depuis plusieurs mois, l’organisation maintient une discipline de production modulée, cherchant à équilibrer le marché sans provoquer de tensions excessives sur les prix. Les membres du cartel surveillent de près les évolutions géopolitiques, prêts à ajuster leurs quotas si un déséquilibre majeur venait à émerger. L’Arabie saoudite, chef de file du groupe, privilégie la stabilité à long terme plutôt qu’une flambée spéculative, tandis que la Russie — bien que membre clé — reste dans une position délicate, ses exportations étant soumises aux sanctions. En conservant des capacités de production non utilisées, l’OPEP+ se ménage une marge de manœuvre pour répondre à un éventuel choc d’offre ou à une hausse soudaine de la demande.
Au-delà du duel Trump-Poutine, d’autres facteurs alimentent la nervosité du marché. L’approche de la saison automnale en Europe, avec la hausse prévisible de la demande en produits raffinés, coïncide avec des tensions persistantes sur le marché du diesel. Par ailleurs, la question de l’Arctique, riche en ressources mais politiquement sensible, pourrait ouvrir un nouveau front de rivalités énergétiques. Les États-Unis cherchent à limiter l’accès de Moscou à cette zone stratégique, tandis que la Russie ambitionne de renforcer sa position comme acteur majeur dans l’exploitation offshore polaire.
Dans ce contexte, les investisseurs adoptent une posture prudente, ajustant leurs positions au gré des signaux diplomatiques et des prévisions de demande mondiale. Si la rencontre d’Alaska débouche sur un compromis, les prix pourraient connaître un reflux temporaire. En revanche, toute escalade verbale ou décision punitive risquerait de raviver les tensions et de propulser le baril au-dessus de la barre symbolique des 70 dollars.