Le gouvernement britannique a accepté de verser près de 4 millions de dollars à 7 723 victimes d’un incendie déclenché par ses troupes lors d’un exercice militaire au Kenya en mars 2021. Cette décision, rendue publique après plusieurs années de bataille juridique, intervient dans le cadre d’un accord confidentiel qui ne reconnaît aucune responsabilité légale du Royaume-Uni dans l’accident.
L’incendie avait ravagé plus de 10 000 acres (environ 4 000 hectares) de la réserve privée de Lolldaiga, dans le centre du Kenya, provoquant la destruction de biens, de récoltes et des problèmes respiratoires durables chez de nombreux habitants. Certains Kenyans ont même signalé la perte de membres de leur famille à cause de maladies liées à la fumée.
Malgré le règlement, l’indemnisation n’est pas jugée suffisante par les victimes. De nombreux bénéficiaires n’ont reçu que 22 000 shillings kenyans (environ 170 dollars), et certains prévoient de manifester pour réclamer un dédommagement plus équitable. « C’est une réussite, car c’est la première fois que nous gagnons un procès contre l’armée britannique au Kenya, mais c’est si peu que c’est presque rien », a déclaré Cate Waruguru, députée du comté de Laikipia.
L’avocat Kelvin Kubai, 27 ans, natif de la région et à l’origine du recours collectif, souligne que « l’entraînement militaire et la conservation sont incompatibles » et estime que le paiement « à titre gracieux » reste insuffisant pour permettre aux habitants de se réinstaller ou de compenser pleinement leurs pertes.
Les troupes britanniques opérant au Kenya, principalement via l’unité BATUK, s’entraînent depuis des décennies dans de vastes réserves fauniques de Laikipia et Samburu. Bien que les responsables militaires affirment enquêter sur les allégations de mauvaise conduite, des accusations historiques de violations des droits humains, incluant des violences graves, persistent.
Pour les habitants, l’impact de l’incendie dépasse les pertes matérielles. De nombreux Kenyans souffrent encore de complications respiratoires nécessitant des soins médicaux réguliers. Hannah Wanjiku, résidente de la région, raconte que ses petits-enfants et elle-même ont développé des problèmes respiratoires sévères après l’incendie. « Nous vivons une vie difficile. Si nous recevons cet argent, nous partirons », dit-elle.
L’incendie a également causé des dommages environnementaux considérables. Selon un rapport du cabinet de conseil Howard Humphreys, il faudra au moins jusqu’en 2060 pour que les terrains de Lolldaiga se rétablissent complètement. La réserve abrite aujourd’hui des espèces menacées comme le zèbre de Grévy, des éléphants, des buffles, des lions et des hyènes, dont les habitats ont été gravement perturbés.