L’Iran a convoqué mercredi les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques des pays européens résidant à Téhéran, après des propos jugés « interventionnistes » sur la souveraineté de trois îles stratégiques et sur le programme nucléaire du pays. Cette démarche traduit une escalade dans les relations diplomatiques entre la République islamique et l’Union européenne, jugée par Téhéran trop complaisante envers les revendications des Émirats arabes unis.
Le différend porte sur Abou Moussa, la Grande Tunb et la Petite Tunb, situées à l’entrée du détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un cinquième du pétrole mondial. Lundi 6 octobre, à l’issue de leur 29e réunion, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont publié une déclaration commune accusant l’Iran « d’occuper » ces îles et l’appelant à cesser le développement de ses programmes de drones et nucléaires.
Pour Téhéran, ces îles sont une partie inséparable de son territoire historique. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, a qualifié le soutien européen aux revendications émiraties de « violation des principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale » et dénoncé une « ingérence manifeste » dans les affaires internes de l’Iran.
Takht-Ravanchi a fermement rejeté les critiques sur le programme nucléaire et balistique iranien. Selon lui, les capacités de défense indigènes, y compris la puissance de missiles, relèvent du droit souverain de l’Iran et représentent un facteur de stabilité et de sécurité régionales.
Il a également dénoncé l’inaction et la mauvaise foi des trois puissances européennes membres du JCPOA — la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni —, accusées d’avoir provoqué une impasse diplomatique et d’avoir abusé du mécanisme de règlement des différends de l’accord de Vienne, tout en échouant à respecter leurs engagements.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmail Baghaei, a pour sa part rejeté les « allégations sans fondement » contenues dans la déclaration commune, insistant sur le fait que « répéter des affirmations sans fondement dans des déclarations politiques n’a aucune valeur juridique et ne peut pas changer les réalités historiques et géographiques ».
De son côté, Mohammad Baqer Qalibaf, président de l’Assemblée consultative islamique, a également condamné les déclarations européennes et du CCG, rappelant que toute revendication étrangère sur les îles iraniennes est « provocatrice et sans fondement ».