Alors que 84 pays participent cette semaine à la Semaine mondiale de l’énergie à Moscou, l’Algérie s’est distinguée par son absence remarquée. Sur ordre direct du président Abdelmadjid Tebboune, aucune délégation algérienne n’a pris part à l’un des plus grands forums internationaux consacrés à l’avenir de l’énergie durable. Ce boycott est interprété comme un geste de protestation contre la position récente de la Russie sur des dossiers sensibles pour Alger, notamment le nord du Mali.
En parallèle, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a rappelé que la plupart des conflits africains trouvent leur origine dans des frontières artificielles héritées de la colonisation. Il a souligné que celles de l’Algérie ont été élargies par la France, amputant certains territoires voisins, dont le Mali. Par cette déclaration, Lavrov marque son désaccord avec le régime algérien, qui instrumentalise la question touarègue pour s’ingérer dans les affaires maliennes.
À Alger, les propos du chef de la diplomatie russe sont restés pratiquement sans réponse. Seul Abdeslam Bechagha, député et président du groupe parlementaire d’amitié algéro-russe, a tenté de limiter la casse. Il a reconnu que la colonisation française a créé de nombreux problèmes en Afrique, tout en évitant de commenter les critiques directes sur les frontières de l’Algérie.
Le soutien russe aux autorités maliennes ne s’arrête pas là. Le 15 octobre à Kampala, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays non-alignés, le Mali a de nouveau accusé l’Algérie de soutenir des mouvements terroristes au Sahel, relançant les tensions et mettant la délégation algérienne dans une position très embarrassante.
Depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir, les relations algéro-russes connaissent de sérieuses perturbations. En juin 2021, le président avait envisagé une intervention en Libye pour contrer certaines forces, soutenues par la Russie, déclenchant des frictions diplomatiques. Même les visites de haut niveau, comme celle du général Saïd Chengriha en Russie ou celle de Tebboune chez Poutine en juin 2023, n’ont pas réussi à dissiper le froid. Moscou a même refusé l’entrée de l’Algérie au sein des BRICS, justifiant ce refus par le manque de poids économique et diplomatique du pays.
Aujourd’hui, le boycott du forum énergétique, les critiques publiques de Lavrov et les tensions avec Bamako traduisent un isolement diplomatique inquiétant pour l’Algérie. Tebboune navigue à vue, et chaque geste présidentiel risque d’affaiblir encore davantage la position internationale du pays.