La récente décision de Mohamed Ibrahim « Kisho », champion olympique de lutte et médaillé de bronze à Tokyo 2020, de rejoindre l’équipe des États-Unis pour les JO de Los Angeles 2028 secoue profondément le sport égyptien. Ce n’est pas seulement un départ : c’est un signal d’alarme sur les failles structurelles et financières qui touchent les athlètes de haut niveau dans le pays.
Kisho, qui justifie son choix par un maigre salaire de 1 500 livres égyptiennes et un soutien jugé insuffisant, met en lumière un problème plus large : la difficulté des infrastructures sportives à retenir et à développer les talents. Les entraîneurs travaillent sans moyens suffisants, les installations restent limitées, et le suivi médical et technique des athlètes n’est pas toujours à la hauteur. Ce manque de soutien crée une vulnérabilité qui profite aux pays étrangers capables d’offrir davantage de ressources et de garanties.
L’impact de cette défection est double. D’abord sur le plan sportif : la perte d’un champion de la trempe de Kisho affaiblit la lutte égyptienne et prive le pays de chances de médailles dans les compétitions internationales. Ensuite sur le plan symbolique : elle ébranle la confiance des jeunes athlètes dans le système national et alimente un phénomène inquiétant de fuite des talents, déjà observé avec d’autres champions comme Ibrahim Ghanem (El-Wensh) ou Mohamed Essam El-Sayed.
Face à cette situation, des mesures s’imposent. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, le Comité olympique égyptien et la Fédération internationale de lutte (UWW), appuyés par la Confédération africaine de lutte, ont adressé des lettres officielles pour exiger l’arrêt immédiat de ces naturalisations illégales et menacer de sanctions sévères tout acteur impliqué. L’Afrique se dresse : nos athlètes ne sont pas à vendre !
Mais l’urgence est aussi nationale. Si les talents fuient, c’est parce que le soutien – financier, technique, médical – n’est pas à la hauteur. Les infrastructures doivent être modernisées, les bourses renforcées et l’accompagnement des sportifs rendu digne d’une nation qui se veut grande dans le sport. L’avenir de la jeunesse égyptienne dépend de cette révolution nécessaire. Kisho quitte le pays, mais le véritable enjeu reste les conséquences pour l’ensemble de la jeunesse sportive égyptienne et la nécessité d’une politique ambitieuse pour retenir et valoriser ses talents.