Le 17 octobre, Une semaine après la signature d’un cessez-le-feu censé ouvrir la voie à un apaisement, Israël et le Hamas s’enlisent dans un différend autour de l’échange de dépouilles. Ce volet humanitaire, pourtant central à l’accord, ravive méfiance et accusations mutuelles, menaçant de fragiliser un équilibre déjà précaire.
Israël a annoncé avoir récupéré la dépouille d’un otage par l’intermédiaire de la Croix-Rouge dans la bande de Gaza. Le corps, transféré à l’Institut médico-légal pour identification, devait symboliser la relance du processus d’échange. L’accord conclu prévoit qu’en contrepartie, Israël restitue quinze corps palestiniens pour chaque otage israélien décédé.
Mais sur les vingt-huit dépouilles recensées, seules dix ont été remises par le Hamas, alors que la date butoir du 13 octobre est passée. Israël dénonce une violation de l’accord, tandis que le mouvement islamiste invoque les difficultés d’accès aux zones sinistrées du sud de Gaza. « Les opérations de recherche sont entravées par les décombres et l’absence d’équipement », a expliqué le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, qui supervise la médiation.
À Khan Younis, l’hôpital Nasser est débordé par l’afflux de dépouilles palestiniennes restituées par Israël — plus de 120 corps, souvent anonymes, portant parfois des marques de violence. « Beaucoup présentent des signes de sévices », affirme le Dr Mohamed Zaqout, directeur des hôpitaux de Gaza. Des ONG locales évoquent des cas d’exécutions sommaires. Israël rejette catégoriquement ces accusations, affirmant que les dépouilles proviennent de zones de combat et non de détentions arbitraires.
Des familles palestiniennes affluent chaque jour devant l’hôpital, cherchant à reconnaître leurs proches. Rasmieh Qdeih, venue de Khuzaa, attend depuis des jours des nouvelles de son fils disparu. « S’il est mort, je veux au moins l’enterrer dignement », murmure-t-elle.
En Israël, la douleur est tout aussi vive. Les familles d’otages exigent la restitution intégrale des corps. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de « ramener tous nos fils et filles, vivants ou morts », tandis que le Forum des familles d’otages menace désormais de rejeter la trêve si le Hamas ne respecte pas ses engagements.
Les États-Unis et l’Égypte poursuivent leurs efforts diplomatiques pour maintenir le dialogue, assurant qu’un mécanisme d’identification et de transfert reste actif. Mais la confiance s’érode rapidement. Israël menace de fermer le terminal de Rafah, principal point de passage entre Gaza et l’Égypte, si le Hamas ne restitue pas toutes les dépouilles. Une telle mesure risquerait d’aggraver encore la crise humanitaire et de remettre en cause la fragile trêve.
Deux ans après le début du conflit, Gaza demeure un territoire meurtri, où même la mort devient matière à négociation. Entre promesses politiques, souffrance des familles et pressions internationales, cet échange de dépouilles illustre les limites d’un cessez-le-feu sans confiance — et la persistance d’une guerre où les gestes humanitaires peinent à survivre.