Bruno Le Maire sort de son silence. L’ancien ministre de l’Économie de la France, brièvement nommé aux Armées avant d’être contraint de démissionner quatorze heures plus tard, règle ses comptes dans un entretien sans détour accordé au podcast Pourquoi faire compliqué, diffusé par TF1/LCI et animé par François Lenglet. Ciblé par une tempête politique dès son retour au gouvernement français, celui que certains surnomment désormais « M. 1000 milliards de dettes » rejette fermement les accusations d’irresponsabilité budgétaire.
« Quelle fourberie ! », s’exclame-t-il d’entrée, dénonçant l’hypocrisie de ceux qui, selon lui, l’ont poussé à creuser les déficits au plus fort des crises successives. « Pendant le Covid, pendant la flambée des prix, ils venaient tous me demander de dépenser plus. Ils frappaient à ma porte pour obtenir des aides supplémentaires : pour les boulangers, les artisans, les commerçants… », raconte-t-il, avant de lâcher cette phrase devenue virale : « Ils venaient tous gémir et pleurer dans mon bureau pour que je dépense plus. »
L’ancien locataire de Bercy se dit « agacé et blessé » par les critiques venues de toutes parts — droite, gauche et Rassemblement national — qui, selon lui, oublient qu’elles ont soutenu, voire réclamé, l’expansion budgétaire du fameux « quoi qu’il en coûte ». « Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui viennent me dire : ‘1000 milliards de dettes’. C’est un peu facile », ironise-t-il.
La dette publique de la France dépasse désormais les 3 400 milliards d’euros, un record historique qui vaut au pays plusieurs dégradations de sa note souveraine. Mais Bruno Le Maire se défend d’en être le principal artisan : « Si j’étais vraiment le problème de la dette, pourquoi tous les gouvernements européens ont-ils fait la même chose ? La vérité, c’est qu’il fallait sauver les entreprises, l’emploi et la stabilité sociale. »
Derrière ce plaidoyer, se dessine aussi une revanche politique. Écarté brutalement après une nomination controversée, Bruno Le Maire entend redorer son image et rappeler qu’il fut, selon ses propres mots, « un ministre du courage, pas de la facilité ». Une manière de tourner la page, sans oublier d’égratigner ceux qui, hier, venaient solliciter sa générosité budgétaire et qui, aujourd’hui, le clouent au pilori.