Le 2 novembre 2025, la secrétaire d’État chargée des Mines, Karima Bakir Taffer, a reçu l’ambassadeur iranien Mohammad Reza Babaei pour discuter d’une coopération dans l’exploration, la transformation et la formation minières, en vue de la participation algérienne à l’Iran Expo 2026. Des promesses de transferts de savoir-faire, d’investissements et d’échanges techniques ont été affichées. Mais derrière ce vernis économique, c’est une alliance politique sensible qui se dessine, où les enjeux stratégiques l’emportent largement sur les retombées concrètes.
Dans un contexte où l’Algérie cultive son indépendance géopolitique et diversifie ses partenariats, ce rapprochement avec Téhéran constitue un signal fort : Alger refuse la tutelle exclusive de la Chine, de la Turquie ou de l’Occident, et entend jouer ses cartes avec autonomie. Ce choix audacieux, cependant, expose un pays déjà fragilisé à des risques disproportionnés sur les plans économique et diplomatique.
Les déclarations officielles mettent en avant un renforcement des liens dans l’exploration et la valorisation des minerais, assorti d’une invitation à investir et à participer à l’Iran Expo 2026. Aucun projet concret, aucun financement ni calendrier n’ont pourtant été précisés. Cette rencontre relève ainsi du pur rituel diplomatique, conçu pour projeter l’image d’un partenariat stratégique sans aucun engagement ferme.
L’historique des Iran Expo en témoigne cruellement : en 2023, douze entreprises algériennes invitées n’ont signé aucun contrat ; en 2024, le stand national est resté vide. Ces échecs répétés confirment le caractère purement symbolique de ces annonces, où l’économie sert de prétexte à une posture politique.
Sous sanctions internationales draconiennes, l’Iran peine à transférer capitaux ou technologies de façon fiable. Toute entreprise algérienne s’associant à un partenaire iranien s’exposerait à des sanctions secondaires, gel d’avoir en Europe, blocages bancaires ou exclusion des marchés internationaux.
Les équipements proposés sont souvent vétustes, et l’IMIDRO – fleuron minier iranien – ploie sous une dette colossale et des scandales de corruption. Dans ce cadre, tout projet algéro-iranien relève du pari hasardeux, dépourvu de garanties en termes de retour sur investissement ou de transfert de compétences modernes.
Au-delà des discours économiques, une rationalité stratégique émerge. Selon des sources sécuritaires, des officiers des Gardiens de la Révolution (IRGC) formeraient depuis 2024 des milices dans la région, dans le but de semer le chaos et d’exercer une influence déstabilisatrice. La coopération minière pourrait ainsi offrir un cadre légal à des activités sensibles, en habillant d’économie des objectifs géopolitiques.
À l’issue de la rencontre, l’ambassadeur iranien s’est dit « très satisfait » des relations bilatérales et a réaffirmé l’intérêt des entreprises de son pays à « renforcer leur présence » en Algérie. Il a précisé que cela passerait par de futures rencontres avec leurs homologues locales, destinées à « étudier toutes les possibilités disponibles » – une formule élégante et diplomatique, mais incroyablement vague, qui promet beaucoup sans jamais engager concrètement.
L’ambassadeur a également adressé une « invitation spéciale » à la secrétaire d’État Karima Bakir Tafer pour visiter l’Iran fin avril 2026, à l’occasion de l’Iran Expo, et, par son intermédiaire, pour convier les entreprises algériennes à une « participation forte ». Après deux éditions sans résultat – douze entreprises invitées en 2023 sans contrat, un stand vide en 2024 – cette nouvelle invitation semble davantage relever du rituel protocolaire que d’une véritable opportunité économique.
Ouvrir le sous-sol algérien à l’Iran permet à Alger de renforcer ses liens avec Téhéran sous couvert d’accords commerciaux, tout en évitant d’afficher ouvertement une alliance controversée. Ce calcul repose sur la présence iranienne comme levier au service d’intérêts régionaux, mais il s’accompagne d’une exposition accrue à des représailles diplomatiques et économiques.
Entre-temps, les sanctions internationales persistent, les comptes bancaires restent bloqués et les transferts financiers demeurent impossibles, laissant toute initiative dans une suspension quasi permanente. Téhéran et ses alliés scrutent la situation, attendant que les États-Unis lèvent un sourcil, ou que les mesures coercitives s’assouplissent. Sans ce facteur, la participation à l’Expo 2026 risque de se révéler une nouvelle fois purement symbolique, confirmant le caractère profondément périlleux de ce rapprochement.



























