Comme prévu, la campagne présidentielle en Algérie a débuté dans un climat de tension et de manœuvres politiques douteuses. Pendant 20 jours, les candidats auront l’occasion de dévoiler leurs programmes, espérant rallier un électorat de plus en plus désabusé. Mais cette campagne est loin d’être un terrain de jeu équitable. Une liste d’interdictions pèse sur les candidats, leur interdisant de toucher à certains sujets sensibles. Et pourtant, Abdelmadjid Tebboune, surnommé par ses opposants la « marionnette » du régime, se voit accorder une liberté quasi absolue pour employer toutes les méthodes, qu’elles soient légales ou non, dans ce qui s’apparente à une guerre de propagande. Les coups bas, les attaques personnelles, tout semble permis pour Tebboune, tandis que ses adversaires se voient muselés par des règles strictes.
Les citoyens, souvent qualifiés de misérables, sont appelés aux urnes le 7 septembre, une date précipitée par Tebboune lui-même, qui a avancé l’échéance initialement prévue pour décembre 2024. Ce changement de calendrier, justifié par des motifs « politiques et techniques », laisse entrevoir les véritables intentions du pouvoir en place : sécuriser la réélection d’un président largement perçu comme une figure décorative, contrôlée en coulisses par l’élite militaire.
La course pour le palais d’El Mouradia, le siège de la présidence, a pris des allures de farce tragique. Youssef Aouchiche, représentant du Front des Forces Socialistes (FFS), se dresse face à Tebboune, candidat indépendant mais soutenu par toute la machine d’État, et Abdelaali Hassani Cherif, du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), un parti islamiste. Tous trois sont en lice, mais la bataille semble déjà biaisée. Aouchiche mise sur son programme intitulé « Vision », choisissant de lancer sa campagne au cœur des quartiers populaires d’Alger, là où la colère gronde. Abdelali, de son côté, propose un programme baptisé « Opportunité », avec 62 engagements qu’il promet de réaliser s’il accède au pouvoir.
Mais face à eux, Tebboune ne se donne même plus la peine de faire campagne de manière traditionnelle. Il délègue la propagande à une armée de partis, d’organisations et d’associations alignés avec la junte militaire. Son programme ? Une nouvelle série de promesses pour les cinq années à venir, présentées comme des succès inévitables, mais que beaucoup considèrent comme des mensonges éhontés, créés dans l’esprit d’une clique qui n’a jamais vraiment quitté le pouvoir. Les dés semblent jetés dans cette élection où le véritable vainqueur pourrait bien être décidé bien avant que le premier bulletin ne soit glissé dans l’urne.