En raison des défaites successives des généraux dans le dossier du Sahara occidental et dans d’autres affaires régionales, nos sources ont indiqué qu’un mouvement de changements récents a eu lieu au sein des services de renseignement, touchant des employés travaillant sur des dossiers étrangers importants. Ces changements ont impliqué soit des transferts vers des fonctions civiles dans plusieurs ministères et institutions, soit des mises à la retraite et des retraits du service officiel. Nos sources ont qualifié cela comme l’une des plus vastes opérations de changement que les services de renseignement algériens aient connues.
Selon notre source proche de l’appareil en raison de ses fonctions officielles, les récents changements ont affecté des responsables de premier plan sur les dossiers du Sahara occidental, des frontières avec la Libye et le Mali, des relations algéro-françaises, ainsi que les dossiers du Sahel africain, où une crise majeure avec le Mali est en cours. De plus, des responsables de dossiers internes, y compris les médias, ont également été touchés. Notre source, dont l’une des fonctions est de coordonner avec l’appareil sur un dossier à dimension régionale, a été surpris d’être informé de l’organisation d’une réunion pour coordonner avec le nouveau responsable du dossier au sein des services de renseignement. Il a appris, en se renseignant auprès de collègues travaillant dans l’appareil, que les changements ne se limitaient pas uniquement au dossier qu’il suivait. En effet, les récentes réformes ont concerné 37 hauts responsables, dont la majorité a été mise à la retraite, tandis que d’autres n’ont pas vu leur mandat renouvelé et ont été transférés à des postes administratifs dans plusieurs ministères, notamment le ministère du logement et la société Sonatrach.
Notre source suppose que ces changements ont été motivés par l’insatisfaction du général Chengriha envers la performance générale de l’appareil, notamment à la lumière des rumeurs qui le concernaient personnellement, diffusées par certains militants sur les réseaux sociaux, dont certaines informations étaient exactes. Cela indique que ces fuites provenaient de sources bien informées au sein de l’appareil. La source estime que le mouvement de changements récent ne peut être décrit comme un conflit politique interne entre factions, mais plutôt comme des rivalités pour l’influence au sein de l’appareil, qui est devenu une véritable empire économique avec un vaste portefeuille financier noir. Contrairement aux autres appareils souverains du pays, les services de renseignement algériens, qui possèdent de larges investissements dans les médias, l’immobilier, l’agroalimentaire, le tourisme, l’aviation, le pétrole et le gaz, permettent la nomination de militaires, de policiers et de civils.
Selon notre source, il y a actuellement une compétition pour préserver les intérêts de certaines directions à la suite de tentatives continues, depuis environ cinq ans, de la part de personnes très proches du général Chengriha pour modifier la structure générationnelle de l’appareil, afin de se débarrasser de dirigeants qui restent fidèles à des responsables et périodes passés. Notre source estime que ces tentatives de changement, probablement soutenues par le général Chengriha, qui ont réduit l’influence et les intérêts de certains hauts responsables au cours de la période récente, les ont mécontentés, les incitant à exprimer leur colère de manière à irriter le général Chengriha. Par conséquent, des enquêtes ont été menées parmi les dirigeants actuels pour savoir si des liens subsistent avec les dirigeants évincés au cours des années qui ont suivi la prise de pouvoir de Chengriha. Cela alimente la méfiance constante du général à l’égard d’un possible coup d’État provenant des services de renseignement, ce qui l’a conduit, au cours des cinq dernières années, à limoger sept directeurs des services de renseignement.