Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à organiser sa présidentielle le 25 octobre 2025, les premiers signes d’une élection troublée se multiplient, suscitant inquiétude et tensions au sein de la classe politique et de la société civile.
La publication récente par la Commission électorale indépendante (CEI) de la liste électorale définitive a jeté un véritable pavé dans la mare. Quatre figures majeures de l’opposition — Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro — ont été exclues sans possibilité de recours. Ces exclusions ne se limitent pas à les empêcher de briguer la présidence ; elles les privent également du droit fondamental de voter. Une décision lourde de conséquences, perçue par beaucoup comme une fracture dans le processus démocratique.
L’éviction de ces candidats emblématiques s’appuie sur des décisions judiciaires contestées et parfois anciennes, mais leur maintien sur la liste électorale semblait à plusieurs reprises compromis, renforçant le sentiment d’une manœuvre politique. Tidjane Thiam, par exemple, a vu sa nationalité ivoirienne remise en cause par la justice, tandis que Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro sont empêchés de se présenter à cause de condamnations qui font débat.
Face à cette situation, l’opposition dénonce un verrouillage du scrutin. Le PDCI, parti de Tidjane Thiam, a saisi les Nations unies, appelant à une élection inclusive et transparente. Plusieurs partis ont suspendu leur participation aux travaux de la CEI, dénonçant un manque d’indépendance de l’organe électoral.
De son côté, la CEI défend sa décision en évoquant des contraintes procédurales : une révision de la liste électorale serait techniquement impossible sans compromettre la tenue du scrutin dans les délais constitutionnels. Le président de la commission, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, insiste sur le respect des décisions de justice et appelle à l’apaisement.
Le pouvoir en place, avec à sa tête le président Alassane Ouattara, observe prudemment les événements. Bien que le chef de l’État ne se soit pas encore officiellement prononcé sur sa candidature pour un éventuel quatrième mandat, son parti, le RHDP, s’apprête à lui demander de se représenter lors du congrès de juin.
L’exclusion de ces poids lourds de l’opposition risque de fragiliser la crédibilité du scrutin, tant au niveau national qu’international. De nombreux observateurs redoutent une élection à sens unique, susceptible de creuser davantage les divisions politiques et sociales.
La jeunesse ivoirienne, qui compose une large part de la population, attend un scrutin qui garantisse l’égalité des chances et la liberté d’expression. Le maintien d’un climat de confiance entre acteurs politiques est donc crucial pour éviter toute escalade.
La Côte d’Ivoire, pays qui a connu des crises politiques majeures dans son histoire récente, fait face à un véritable défi démocratique. La manière dont le scrutin sera organisé et accepté conditionnera son avenir politique, social, et économique.
Si les opposants et la société civile continuent de dénoncer des irrégularités, la stabilité du pays pourrait être mise à rude épreuve. Le respect des droits politiques et la transparence du processus électoral demeurent des conditions indispensables pour apaiser les tensions et garantir une transition pacifique.