Le 18 janvier 2025, un tribunal de Séoul a décidé de prolonger la détention du président sud-coréen Yoon Suk-yeol pour une période de 20 jours. Cette décision a provoqué une vague de manifestations violentes parmi ses partisans. La prolongation intervient dans le contexte d’une crise politique majeure, marquée par des accusations graves portées contre le président. Celui-ci fait face à des allégations de rébellion liées à son ordonnance de loi martiale, promulguée en décembre 2024. Bien que cette mesure n’ait duré que quelques heures avant d’être annulée par le Parlement, elle a plongé la Corée du Sud dans une crise politique sans précédent, la plus grave depuis sa démocratisation dans les années 1980.
L’incident du tribunal s’est produit après une annonce judiciaire tard dans la nuit, vers 3 heures du matin, lorsqu’un groupe de plusieurs centaines de manifestants a envahi le bâtiment judiciaire. Enragés par la prolongation de la détention de Yoon, les manifestants ont pris d’assaut le tribunal, brisé des vitres, détruit du mobilier et affronté violemment les forces de police. Ces scènes de chaos ont été amplifiées par des vidéos montrant des manifestants utilisant des extincteurs contre les forces de l’ordre avant de pénétrer dans l’enceinte, provoquant de graves perturbations.
La justification donnée par le tribunal pour cette prolongation de détention était la crainte que le président Yoon ne détruise les preuves liées à l’enquête en cours. Cette décision a intensifié les divisions politiques en Corée du Sud, Yoon et ses avocats plaidant que les accusations portées contre lui n’étaient pas fondées et étaient politiquement motivées. Selon ses partisans, cette détention prolongée visait principalement à affaiblir son influence politique et à nuire à ses ambitions de revenir sur la scène politique.
Le fondement des accusations contre Yoon réside dans sa décision de proclamer la loi martiale le 3 décembre 2024, une mesure radicale qui aurait suspendu certaines libertés civiles et donné des pouvoirs exceptionnels à l’armée. Bien que cette loi ait été annulée par un vote unanime du Parlement quelques heures après sa proclamation, elle a néanmoins provoqué une agitation majeure dans le pays. La réaction rapide du Parlement, qui a suspendu les pouvoirs présidentiels et lancé une procédure de destitution, a été un facteur déterminant dans la gravité de la crise politique.
Cette crise a exacerbé les tensions au sein du Parti du pouvoir populaire (PPP), le parti conservateur de Yoon, dont le soutien a chuté après la proclamation et la rétractation de la loi martiale. Un certain nombre de membres de ce parti ont exprimé des doutes sur la gestion de la situation, craignant que les actions du président ne nuisent irréparablement à sa crédibilité. Toutefois, les partisans de Yoon continuent de le soutenir fermement, estimant qu’il est victime d’une campagne d’acharnement politique visant à détruire son image et à empêcher tout retour en politique.
La politique en Corée du Sud est désormais divisée en deux camps. D’un côté, le Parti du pouvoir populaire soutient activement Yoon, arguant qu’il a été traité de manière injuste et que la décision de prolonger sa détention porte atteinte à l’intégrité de la présidence. De l’autre, le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, considère la décision du tribunal comme une étape nécessaire pour restaurer l’ordre constitutionnel et démanteler les forces qu’il considère comme visant à détourner le processus démocratique. Ce camp voit dans les violences survenues au tribunal une manifestation de l’extrémisme politique et mise en garde contre la déstabilisation accumulée du pays.
Alors que Yoon reste détenu dans une cellule d’isolement au centre de détention de Séoul, ses avocats ont exprimé leur ferme intention de contester cette prolongation de détention par des recours judiciaires. Pour eux, cette mesure et l’intensification de la répression symbolisent un danger pour les institutions démocratiques du pays.
L’issue de cette crise pourrait redéfinir l’avenir politique de la Corée du Sud et marquer un tournant dans son histoire politique. Dans ce contexte, l’opinion publique reste profondément divisée, et la question de cette crise politique demeure incertaine, avec des tensions croissantes entre les partisans de Yoon et ceux qui appellent à sa démission. La situation continue d’évoluer, avec des implications potentielles pour l’avenir politique de la nation.