La semaine a débuté avec une baisse marquée des prix du pétrole, qui ont atteint 71,99 dollars le baril en ouverture de séance asiatique ce lundi, un recul notable par rapport à la clôture de vendredi à 76,05 dollars. Bien que les prix se soient ensuite stabilisés autour de 72,73 dollars, cette chute initiale reflète une volatilité accrue sur les marchés énergétiques, exacerbée par des tensions géopolitiques et une demande mondiale en berne.
L’absence de représailles israéliennes notables contre les infrastructures pétrolières et nucléaires iraniennes a renforcé l’espoir d’une désescalade au Moyen-Orient, réduisant ainsi la prime de risque de plusieurs dollars par baril. Cette posture prudente a surpris les marchés, certains analystes comme Saul Kavonic de MST Marquee anticipant désormais un apaisement temporaire dans la région.
Cependant, la baisse des prix s’explique aussi par des facteurs économiques plus structurels. La demande mondiale de pétrole reste faible, notamment en Asie où les importations stagnent. Les craintes d’un excès d’offre et d’une demande atone amplifient la tendance baissière parmi les négociants en pétrole. En tête de la demande mondiale, la Chine envoie des signaux décevants, tandis que l’OPEP+ maintient ses quotas de production inchangés malgré le ralentissement de la croissance de la production américaine.
L’OPEP+, regroupant les principaux pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, dont la Russie, vise toujours une augmentation progressive de la production, avec un premier objectif de 180 000 barils par jour en 2025. Toutefois, après avoir repoussé les hausses prévues en octobre en raison de la baisse des prix observée depuis juillet, le cartel fait face à une reprise de la demande qui ne répond pas aux attentes, plaçant l’OPEP+ dans une situation délicate.
Bien que des mesures de relance en Chine puissent soutenir l’économie, elles ne suffiront probablement pas à stimuler la demande de brut, particulièrement dans un marché de plus en plus influencé par les signaux géopolitiques mais dominé par des réalités économiques profondes qui pèsent durablement sur l’équilibre entre offre et demande. En dépit des efforts de relance, la Chine, premier importateur mondial, affiche des niveaux d’importations de brut en deçà des prévisions. Par ailleurs, la croissance de la production pétrolière aux États-Unis ralentit, alors que l’OPEP+ maintient un contrôle strict sur ses quotas pour éviter une surabondance de l’offre.
Les perspectives de stabilisation demeurent incertaines. Certains analystes, tels que Warren Patterson et Eva Manti d’ING, estiment que cette accalmie apparente pourrait être de courte durée. L’offre excédentaire mondiale, combinée à des révisions à la baisse des importations asiatiques en octobre, place le marché pétrolier dans un équilibre fragile. De surcroît, l’essor des véhicules électriques en Chine pourrait entraîner une réduction durable de la demande de brut.
Ainsi, le marché pétrolier reste influencé par des signaux géopolitiques tout en étant freiné par une demande affaiblie. Dans ce contexte, l’OPEP+ pourrait être contrainte de repousser les hausses de production prévues si la dynamique de la demande mondiale ne s’améliore pas, ce qui pourrait entraîner des ajustements structurels de long terme.