Les sukuk souverains, adoptés dans le cadre de la loi de finances 2025, marquent une étape significative pour la diversification des mécanismes de financement en Algérie. Ces titres, conformes aux principes de la finance islamique, reposent sur la copropriété d’actifs tangibles et offrent des rendements basés sur les bénéfices générés par les projets financés. Contrairement aux obligations classiques, ils excluent le paiement d’intérêts, les rendant conformes aux exigences de la charia et attractifs pour une nouvelle catégorie d’investisseurs.
Selon Sofiane Mazari, président de la Commission de la finance islamique de l’ABEF, les sukuk souverains permettront de financer des projets d’envergure nationale, comme la construction d’aéroports et d’autres infrastructures génératrices de revenus. Cette approche a le potentiel de mobiliser l’épargne nationale tout en limitant le recours à l’endettement extérieur, un objectif stratégique essentiel pour renforcer l’autonomie financière du pays.
Toutefois, la réussite de ce dispositif repose sur l’établissement d’un environnement juridique adapté. L’amendement du Code de commerce, indispensable pour structurer le marché des sukuk, est encore en attente, retardant leur mise en œuvre. Selon Yazid Benmouhouhoub, PDG de la Société de Gestion des Bourses (SGBV), ce manque de cadre légal clair pourrait freiner l’attractivité de ces titres auprès des investisseurs.
De plus, la création d’un système de régulation robuste et transparent sera cruciale pour éviter les abus et rassurer les investisseurs. Une coordination efficace entre les institutions financières locales et internationales sera également nécessaire.
Malgré leurs avantages, les sukuk ne sont pas sans risques. Leur dépendance directe aux bénéfices des projets sous-jacents peut poser problème en cas d’échec ou de retard, compromettant les rendements attendus. Par ailleurs, l’exonération fiscale prévue pour une durée de cinq ans constitue un incitatif temporaire qui pourrait ne pas suffire à garantir leur succès à long terme.
Selon le ministre des Finances, Laazid Faid, l’introduction des sukuk s’inscrit dans une stratégie globale visant à réduire la dépendance aux recettes fiscales traditionnelles et aux emprunts conventionnels. Ces instruments pourraient renforcer la transparence des financements publics, stimuler la confiance des investisseurs et contribuer de manière durable au développement économique.
Les sukuk souverains offrent une opportunité unique pour intégrer la finance islamique dans l’économie algérienne et diversifier les sources de financement des grands projets. Néanmoins, leur succès dépendra de la capacité à surmonter les défis juridiques, techniques et institutionnels. En assurant un cadre solide et une gestion efficace, l’Algérie pourrait transformer ces instruments en un véritable levier pour sa souveraineté économique et son développement durable