Après plusieurs semaines de baisse, les cours du pétrole affichent une légère remontée, soutenus par un allègement tarifaire américain et une hausse surprise des importations chinoises. Toutefois, ce rebond reste fragile dans un contexte économique et géopolitique incertain.
Les contrats à terme sur le pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) ont progressé d’environ 1 %, atteignant 62,2 dollars le baril, mettant ainsi fin à deux semaines consécutives de pertes. Cette reprise modeste s’inscrit dans un environnement mondial toujours marqué par la volatilité, où le moindre signal positif peut influencer rapidement les marchés.
La décision du président américain Donald Trump d’accorder une exemption tarifaire temporaire sur certains produits technologiques chinois – notamment les smartphones et les ordinateurs – a offert un court répit aux marchés. Toutefois, cet allègement pourrait n’être que transitoire. Trump a d’ores et déjà laissé entendre que d’autres produits stratégiques, comme les semi-conducteurs, pourraient être ciblés par de nouvelles taxes douanières. Ce climat d’incertitude continue de peser lourdement sur les perspectives de croissance mondiale, alimentant les craintes d’un ralentissement prolongé de la demande énergétique. Les acteurs du marché restent prudents, conscients que toute escalade dans les tensions commerciales sino-américaines pourrait rapidement inverser la tendance.
La publication de données chinoises faisant état d’une hausse de 5 % des importations de pétrole brut en mars a eu l’effet d’un électrochoc positif pour les marchés. Alimentée en grande partie par les livraisons en provenance d’Iran et de Russie, cette augmentation inattendue signale que la Chine demeure un moteur clé de la demande mondiale en hydrocarbures. Néanmoins, les analystes soulignent que cette performance pourrait être ponctuelle, et ne reflète pas nécessairement une tendance de fond, dans un pays où la croissance industrielle reste sous pression.
Malgré ces éléments favorables, les indicateurs globaux de marché continuent de pointer vers une fragilité persistante. La banque Goldman Sachs a récemment revu à la baisse ses prévisions de prix pour les années 2025 et 2026, citant une demande affaiblie en matières premières, notamment dans le secteur des produits pétrochimiques. Sur les marchés à terme, les investisseurs spéculatifs ont fortement réduit leur exposition : les données de l’ICE font état d’une liquidation de plus de 162 000 contrats longs sur le Brent, marquant un retrait record depuis 2015.
Autre facteur à surveiller : les négociations entre les États-Unis et l’Iran, récemment qualifiées de « constructives », qui nourrissent l’espoir d’un accord potentiel susceptible d’atténuer les tensions autour des sanctions pétrolières. Un tel scénario pourrait influencer l’offre mondiale, notamment si le brut iranien devait regagner en importance sur les marchés internationaux.
En parallèle, les opérateurs américains réduisent leur activité. Le dernier rapport de Baker Hughes fait état d’une baisse de neuf plateformes pétrolières aux États-Unis, soit le plus fort repli hebdomadaire observé depuis près de deux ans. Ce recul illustre les effets immédiats de la baisse des prix sur les investissements dans le secteur de l’exploration et de la production.
Malgré un sursaut bienvenu, la dynamique des prix pétroliers demeure incertaine. Le léger rebond observé pourrait n’être qu’un répit temporaire, tant que la conjoncture mondiale reste marquée par l’instabilité tarifaire, des négociations géopolitiques sensibles et des prévisions de demande peu encourageantes. Dans les semaines à venir, la stratégie de l’OPEP, l’évolution des discussions sino-américaines, ainsi que les niveaux d’inventaire mondiaux, seront des indicateurs déterminants pour juger de la solidité de ce redressement.