La récente décision de la Société algérienne d’électricité et de gaz – Production d’électricité (filiale de Sonelgaz) d’approuver l’idée de la société espagnole Duro Felguera de transférer les travaux de la centrale d’Ain Oussera à un consortium chinois soulève de nombreuses interrogations. Si l’argument officiel invoque la volonté de relancer un projet à l’arrêt depuis juin 2024, la stratégie choisie appelle une analyse plus lucide.
D’abord, faut-il rappeler que Duro Felguera est entrée en phase de pré-faillite depuis décembre 2024. Cette situation la discrédite en tant que partenaire fiable. Qu’une entreprise étrangère en difficulté financière conserve une telle capacité d’influence sur un projet stratégique pour l’Algérie interroge : pourquoi ne pas avoir révoqué son rôle contractuel pour reprendre la main sur un projet d’intérêt national ?
Ensuite, le choix du groupe chinois composé de CPECC, APCC et NWEPDI, proposé non par la Sonelgaz elle-même, mais par l’entreprise espagnole défaillante, révèle une forme de passivité inquiétante dans la gestion du projet. L’Algérie dispose-t-elle réellement d’un pouvoir de décision dans cette transition ou se contente-t-elle de valider des solutions de second choix dictées par des partenaires en crise ?
L’argument selon lequel l’accord permettrait de « mettre fin à l’arbitrage » et de « préserver les intérêts des deux parties » semble d’ailleurs davantage servir les intérêts de Duro Felguera que ceux de l’Algérie. L’abandon de l’arbitrage pourrait laisser passer l’opportunité de réclamer des compensations financières ou juridiques pour les retards accumulés et les coûts supplémentaires engendrés.
Quant à la promesse d’une mise en service progressive neuf mois après l’accord final, elle reste floue. Sans engagement contractuel ferme et sans garantie de performance, cette échéance pourrait se transformer en simple effet d’annonce, comme tant d’autres projets reportés dans le secteur énergétique national.
