Il semble que les contours de la tentative d’assassinat ratée visant le journaliste indépendant Amir Boukhris, connu sous le pseudonyme « Amir Dz », soient désormais évidents. Tout enquêteur moyennement expérimenté ou journaliste d’investigation débutant pourrait en révéler les circonstances et identifier les acteurs impliqués. Cependant, ce qui est étrange, c’est que les autorités algériennes tentent de duper le monde avec des déclarations manifestement contradictoires : tantôt elles affirment que les employés du consulat algérien en France ne se trouvaient pas devant l’appartement d’« Amir Dz », ce que les caméras de surveillance ont démenti en captant leur présence et la carte d’identité de l’un d’eux retrouvée près de la porte ; tantôt elles prétendent que ces employés voulaient simplement « enquêter » sur « Amir Dz » ; tantôt encore, l’Algérie se présente comme une « puissance redoutable » ayant le droit d’agir contre ses ennemis, selon les déclarations des porte-voix du régime ; et parfois, avec une naïveté déconcertante, elles affirment n’avoir aucune connaissance des faits. Si l’on accepte cette absurdité, cela signifie que la nouvelle direction du pays, incarnée par le général Saïd Chengriha, est incapable de contrôler les institutions de l’État. Cela le dépeint comme une personnalité inapte à régner sur l’Algérie, un vieillard militaire sénile incapable de gérer un pays de l’envergure de l’Algérie, tant sur le plan régional qu’international.
Ce que le général Chengriha n’avait pas prévu, c’est que cet incident a déclenché une nouvelle crise dans les relations entre le régime militaire algérien et « Maman France », déjà marquées récemment par des tensions et des tiraillements politiques. À ce sujet, l’analyste politique spécialiste des relations algéro-françaises, Patrick Fournier, a déclaré : « Cet incident n’est pas un simple acte criminel isolé, il porte des implications politiques profondes, surtout si la responsabilité d’éléments directement liés à un appareil diplomatique officiel est prouvée. » De son côté, le chercheur au Centre d’études géopolitiques de Paris, Jean-Philippe Lambert, a affirmé : « Les enquêtes en cours détermineront s’il existe un réseau structuré ciblant les opposants algériens en France. » Il a ajouté que ce type de pratiques pourrait remettre au premier plan le dossier des ingérences des services de sécurité étrangers dans les affaires françaises, un sujet extrêmement sensible dans le contexte actuel des relations franco-algériennes.
Oui, Amir aurait pu être tué, comme des milliers de libres penseurs avant lui, et comme des milliers d’amoureux de la vérité et de la liberté le seront après lui. Mais l’Histoire retiendra qu’ils ont été assassinés par des généraux traîtres, censés être leurs protecteurs et non leurs bourreaux, simplement pour les avoir critiqués ou avoir prié Dieu pour une réconciliation nationale. Dans le pays des généraux, même le silence ne suffit plus à protéger quiconque de la répression du général Chengriha et de ses sbires.
