Les prix du pétrole ont enregistré une hausse modeste mardi matin, dans un contexte marqué par des annonces économiques contrastées. Entre les nouvelles exemptions tarifaires décidées par l’administration Trump, une hausse notable des importations chinoises de pétrole brut, et la stratégie agressive de l’Arabie saoudite sur le marché, les marchés pétroliers mondiaux sont en pleine recomposition.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord a progressé de 6 cents, soit 0,09 %, pour atteindre 64,94 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a gagné 9 cents, soit 0,15 %, pour s’établir à 61,62 dollars. Cette hausse modérée s’explique en partie par la décision de l’administration Trump d’exempter certains produits électroniques importés de Chine — notamment smartphones et ordinateurs — des droits de douane. Une annonce qui a immédiatement rassuré les marchés.
Dans le même temps, une augmentation d’environ 5 % des importations de pétrole brut par la Chine en mars, comparée à l’année précédente, a contribué à soutenir la demande. Pékin cherche notamment à anticiper d’éventuelles perturbations dans son approvisionnement, notamment en provenance d’Iran, toujours sous le coup de sanctions renforcées de la part de Washington.
Cependant, ces signaux positifs n’ont pas dissipé les inquiétudes liées à l’imprévisibilité des politiques commerciales américaines. Alors que Trump a annoncé vouloir réviser les tarifs sur les voitures et pièces détachées importées du Mexique, du Canada et d’autres pays, l’OPEP a revu à la baisse ses prévisions de demande pour la première fois depuis décembre, soulignant la fragilité de la reprise.
Dans ce climat incertain, l’Arabie saoudite, leader de l’OPEP, semble elle aussi avoir revu sa stratégie. Riyad a récemment soutenu l’augmentation de la production de l’OPEP+, confirmant sa volonté de sanctionner les pays membres ne respectant pas leurs quotas, comme le Kazakhstan, les Émirats arabes unis ou l’Irak.
Les huit membres de l’OPEP+ ont convenu d’ajouter 411 000 barils par jour à la production en mai, accentuant la pression sur les prix. Le Brent se stabilise désormais autour de 65 dollars le baril, tandis que le WTI oscille à 62 dollars. Une stratégie qui marque un tournant : selon le Financial Times, Riyad serait prêt à renoncer à son objectif officieux d’un pétrole à 100 dollars le baril pour reconquérir sa part de marché mondiale.
Cette nouvelle approche reflète une réalité économique difficile. L’Arabie saoudite a besoin d’un prix du baril à 96,20 dollars pour financer son ambitieux plan de transformation économique, « Vision 2030 », selon le FMI.
Alors que les États-Unis font peser de nouvelles incertitudes commerciales, que la Chine renforce ses importations stratégiques, et que l’Arabie saoudite cherche à se réinventer en puissance industrielle, les équilibres traditionnels du marché pétrolier sont remis en question.
L’OPEP, autrefois pilier de la stabilité des prix, fait désormais face à une fragmentation croissante. Les rivalités internes, les pressions géopolitiques, et les ambitions nationales ,notamment celles de Riyad , transforment la gestion de l’offre mondiale en une bataille de pouvoir et d’influence.
Dans ce contexte, les hausses actuelles des prix pourraient n’être que temporaires. L’avenir du marché pétrolier dépendra désormais moins de la seule loi de l’offre et de la demande que des choix stratégiques, parfois imprévisibles, des grandes puissances productrices.