Lundi, les prix du pétrole ont connu une légère hausse dans les échanges asiatiques, une tendance attribuée à la publication de chiffres d’inflation plus faibles que prévu aux États-Unis. Cette évolution a renforcé les espoirs d’une révision à la baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale, ce qui a alimenté un regain d’optimisme sur les marchés financiers, y compris pour les matières premières comme le pétrole.
Le prix du pétrole Brent a augmenté de 36 cents, soit une hausse de 0,5%, pour s’établir à 73,30 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) a progressé de 39 cents, soit 0,6%, pour atteindre 69,85 dollars le baril. Cette évolution positive survient après une période marquée par une incertitude croissante sur les marchés mondiaux.
Tony Sycamore, analyste chez IG, a souligné que les actifs dits « risqués », tels que le pétrole brut et les actions américaines, avaient bien démarré la semaine. Cela fait suite aux récentes déclarations de la Réserve fédérale qui, malgré les pressions inflationnistes, semble désormais envisager une politique plus accommodante. Le ralentissement de l’inflation aux États-Unis, combiné à la fin de la fermeture temporaire du gouvernement fédéral, a contribué à réduire les tensions économiques qui pesaient sur les investisseurs.
Il est important de rappeler qu’il y a à peine une semaine, les marchés boursiers et les prix du pétrole avaient chuté de plus de 2%, alimentés par les préoccupations croissantes concernant la santé de l’économie mondiale. L’une des grandes inquiétudes provient de la demande mondiale de pétrole, un secteur vulnérable à toute instabilité économique. En effet, la Banque centrale américaine a exprimé ses doutes quant à la possibilité d’une nouvelle réduction des taux d’intérêt dans les mois à venir. En parallèle, des projections de la compagnie pétrolière chinoise Sinopec ont révélé que la consommation de pétrole de la Chine pourrait atteindre son pic en 2027, une information qui a exacerbé les craintes d’un ralentissement de la demande à moyen terme. Ces facteurs ont pesé sur les prix du pétrole la semaine dernière, mais ont également donné lieu à une certaine correction cette semaine avec la publication de données économiques plus rassurantes.
Du côté de l’offre, la situation s’est améliorée en Europe après la reprise des activités sur l’oléoduc Droujba, qui transporte le pétrole russe et kazakh vers plusieurs pays européens, dont la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque et l’Allemagne. Ce pipeline stratégique avait été suspendu jeudi dernier à cause d’un incident technique survenu dans une station de pompage en Russie. Cependant, selon l’agence de presse biélorusse Beltay, les expéditions ont repris samedi, permettant de rétablir un flux de pétrole quotidien de 300 000 barils. Cette reprise a contribué à alléger les inquiétudes concernant l’approvisionnement énergétique de la région, un facteur crucial à l’heure où l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement.
Parallèlement, la situation géopolitique s’est également intensifiée, notamment avec les nouvelles déclarations de Donald Trump, président élu des États-Unis. Le magnat de l’immobilier a exigé vendredi que l’Union européenne augmente ses achats de pétrole et de gaz en provenance des États-Unis, menaçant de leur imposer des droits de douane sur les exportations en cas de non-respect de cette demande. Cette pression est perçue comme un levier dans les négociations bilatérales, en particulier dans le secteur énergétique. La Commission européenne a réagi en indiquant sa disposition à discuter avec Washington afin de renforcer les relations commerciales et énergétiques entre les deux puissances économiques, mais les tensions sur ce dossier pourraient perdurer.
En outre, Donald Trump a évoqué une possible réévaluation du contrôle américain sur le canal de Panama, en raison des tarifs jugés excessifs par le Panama pour l’utilisation de cette voie maritime stratégique. Cette menace a jeté un nouveau voile d’incertitude sur les relations économiques et commerciales entre les États-Unis et certains de leurs partenaires commerciaux.
Concernant l’approvisionnement en pétrole, les producteurs américains ont poursuivi leur tendance haussière, avec une augmentation de l’activité dans les secteurs de l’exploration et de la production. Le nombre de plates-formes pétrolières aux États-Unis a augmenté de 1, atteignant un total de 483 unités, son plus haut niveau depuis septembre, selon les données fournies par la société de services énergétiques Baker Hughes. Cette reprise de l’activité pétrolière en Amérique du Nord pourrait se traduire par un renforcement de l’offre mondiale, mais aussi par une pression à la baisse sur les prix si l’excédent d’offre continue de croître.
Pour 2025, les analystes de Macquarie prévoient un excédent d’offre de pétrole sur le marché mondial, ce qui devrait contribuer à une baisse progressive des prix. Ils estiment que le prix moyen du baril de Brent pourrait chuter de 79,64 dollars cette année à environ 70,50 dollars en 2025. Cette prévision s’appuie sur l’anticipation d’une production mondiale plus importante, ainsi que sur des incertitudes concernant la croissance de la demande en Chine et ailleurs.