La vision énergétique de l’Algérie, définie par son Programme national de développement des énergies renouvelables, représente un cadre ambitieux et stratégique pour le pays. L’Algérie, riche d’un immense potentiel solaire, vise à atteindre 30 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2035, soit environ 15 000 MW, tout en projetant d’ajouter 22 GW de capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030. Cette ambition découle d’une volonté politique affirmée de diversifier le secteur énergétique et d’exploiter les ressources naturelles du pays, tout en participant à la transition énergétique mondiale. L’Algérie aspire ainsi à devenir un acteur clé dans le secteur des énergies renouvelables, non seulement pour sa propre consommation, mais aussi pour l’exportation d’électricité vers les marchés internationaux, notamment ceux de l’Europe.
Cependant, malgré ces objectifs ambitieux et le potentiel solaire considérable, plusieurs obstacles de taille subsistante, mettant en lumière la complexité et les défis inhérents à la mise en œuvre de cette vision. En premier lieu, la dépendance à long terme de l’Algérie aux énergies fossiles représente un défi majeur pour la réussite de cette transition énergétique. Bien que le pays dispose de ressources gazières et pétrolières abondantes, la transition vers des énergies plus durables semble freinée par une inertie institutionnelle et un manque de véritable engagement politique envers une diversification énergétique rapide. Le gouvernement algérien semble plus préoccupé par l’exploitation immédiate de ses réserves de gaz et de pétrole que par le développement à grande échelle des énergies renouvelables. Cette dépendance aux énergies fossiles limite non seulement les investissements dans les technologies vertes, mais ralentit également les réformes nécessaires à la transformation du secteur énergétique.
De plus, la lenteur et l’inefficacité dans la mise en œuvre des projets d’énergies renouvelables soulèvent des interrogations. Bien que des initiatives comme la centrale hybride de Hassi R’Mel, inaugurée en 2011, aient montré la voie en combinant l’énergie solaire et le gaz naturel, la mise en œuvre d’autres projets semble souffrir de retards importants. Par exemple, l’appel d’offres lancé en 2023 pour la construction de 15 centrales solaires photovoltaïques, avec un objectif de production de 2 000 MW, rencontre déjà des obstacles administratifs et techniques. Les délais de construction des installations, bien que prévus pour débuter en 2024, soulignent un problème de gestion des projets à grande échelle. Le retard accumulé dans l’exécution de ces projets soulève des inquiétudes quant à la capacité réelle de l’Algérie à atteindre ses objectifs à court et moyen terme.
La question du financement et des partenariats internationaux est également un point critique. L’Algérie cherche à attirer des investissements étrangers, notamment de la Chine, de l’Allemagne et des États-Unis, pour renforcer ses capacités en matière de stockage d’énergie et de technologies solaires. Bien que ces partenariats puissent être bénéfiques pour le transfert de technologies et l’accès à des financements internationaux, la dépendance à ces partenaires extérieurs pose la question de la durabilité du modèle adopté. Si l’Algérie souhaite réellement réussir sa transition énergétique, elle doit se concentrer davantage sur le renforcement des capacités locales, sur l’innovation nationale et sur la création d’une expertise indigène dans les technologies renouvelables. Développer une industrie locale forte et autonome permettra non seulement de réduire la dépendance aux investissements étrangers, mais aussi de créer de nouveaux emplois et d’apporter des bénéfices économiques à long terme pour le pays.
Un autre enjeu crucial réside dans l’intégration des énergies renouvelables dans un mix énergétique équilibré et durable. Le pays doit veiller à ce que les énergies solaires et éoliennes soient efficacement intégrées aux réseaux électriques existants. Cela nécessite des investissements substantiels dans les infrastructures de stockage de l’énergie et la modernisation du réseau électrique national, afin d’assurer une distribution stable et fiable de l’énergie renouvelable. Le stockage de l’énergie, en particulier, représente un défi majeur, car il est essentiel pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables, telles que le solaire, qui dépend des conditions météorologiques.
bien que l’Algérie dispose d’un cadre stratégique clair pour développer ses énergies renouvelables, la mise en œuvre de ce programme rencontre plusieurs défis de taille. Le pays doit accélérer sa transition énergétique en particulier sa dépendance aux énergies fossiles, en améliorant la gestion de ses projets d’infrastructures et en renforçant ses capacités nationales. L’Algérie doit également investir dans l’innovation technologique, promouvoir la recherche et le développement dans le secteur de l’énergie et encourager un modèle plus durable et autosuffisant. Sans une approche plus dynamique et un véritable engagement pour la transformation de son secteur énergétique, l’Algérie risque de ne pas atteindre les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés pour les prochaines décennies.