L’évolution des prix du pétrole sur les marchés mondiaux reste marquée par la stabilité et une attente prudente des investisseurs face aux décisions économiques et politiques influençant l’offre et la demande. Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis, le Canada et le Mexique continuent de capter l’attention des marchés, l’impact des récentes sanctions contre la Russie et les fluctuations des stocks pétroliers américains ajoutent de la complexité à la dynamique actuelle des prix.
Lors des transactions du jeudi 30 janvier, le Brent de la mer du Nord a enregistré une légère baisse de 7 cents (0,09 %), se situant à 76,51 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a progressé de 2 cents (0,03 %), atteignant 72,64 dollars le baril.
Cette stabilité s’explique en partie par l’attente des marchés quant aux nouvelles politiques commerciales des États-Unis, notamment les tarifs douaniers envisagés par l’administration Trump sur les importations de pétrole en provenance du Canada et du Mexique. Ces deux pays étant les principaux fournisseurs de pétrole brut aux États-Unis, toute mesure affectant leur capacité d’exportation pourrait avoir des répercussions significatives sur les prix mondiaux du brut.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Carolyn Leavitt, a confirmé que le président Donald Trump envisageait toujours de mettre en œuvre ces tarifs douaniers dès le 13 février 2025. Toutefois, Howard Lutnick, pressenti pour diriger le ministère du Commerce, a laissé entendre que ces droits de douane pourraient être évités si le Canada et le Mexique prenaient des mesures pour sécuriser leurs frontières et limiter l’entrée du fentanyl, un enjeu majeur pour l’administration américaine.
Du côté de la demande, les récentes tempêtes hivernales aux États-Unis ont perturbé la consommation d’énergie, entraînant une accumulation des stocks de pétrole brut. En effet, la semaine dernière, les réserves américaines ont augmenté de 3,46 millions de barils, une progression conforme aux prévisions des analystes, qui anticipaient une hausse de 3,19 millions de barils.
Cette augmentation des réserves a un effet direct sur les prix du pétrole, limitant leur hausse en signalant une offre suffisante pour répondre à la demande intérieure. De plus, la capacité de production du pétrole de schiste américain continue d’exercer une pression à la baisse sur les prix, les États-Unis ayant atteint une production quotidienne de 13,2 millions de barils en 2025.
Par ailleurs, la demande de pétrole reste modérée en raison du ralentissement économique observé dans certaines régions du monde, notamment en Europe et en Chine, ce qui contribue à contenir la flambée des prix du brut.
Du côté de l’offre, les sanctions américaines contre Moscou continuent d’influencer le marché pétrolier. Les exportations de pétrole brut des ports occidentaux de la Russie devraient enregistrer une baisse de 8 % en février, conséquence directe des nouvelles restrictions imposées par Washington.
En réponse, Moscou a ajusté sa capacité de raffinage afin de produire davantage de produits pétroliers, une stratégie visant à contourner les sanctions en maximisant la valeur ajoutée de ses exportations. Toutefois, cette réorientation ne compense pas complètement la diminution des exportations brutes, contribuant ainsi à la stabilité relative des prix mondiaux.
Les marchés pétroliers scrutent avec attention la réunion ministérielle de l’OPEP+ prévue le 3 février 2025. Cette réunion sera cruciale pour l’évaluation des décisions des principaux pays producteurs face aux évolutions du marché et aux pressions exercées par les États-Unis.
Le Kazakhstan a déjà annoncé que l’OPEP+ discutera des efforts de Donald Trump pour accroître la production pétrolière américaine et cherchera à adopter une position commune à ce sujet. En effet, le président américain a réitéré son appel à l’Arabie saoudite et aux membres de l’OPEP pour réduire les prix du pétrole afin de limiter les tensions économiques et géopolitiques, notamment avec la Russie et l’Ukraine.