Après une flambée artificielle des prix, dopée par l’annonce inattendue d’une suspension partielle des droits de douane américains, le marché pétrolier a rechuté lourdement ce jeudi. Le soulagement n’aura été que de courte durée : la tension géopolitique ravivée par Donald Trump face à la Chine a rappelé aux investisseurs que le chaos commercial mondial est loin d’être résolu.
Le baril de Brent a chuté de 3,5 %, tombant à 63,21 dollars, tandis que le WTI américain reculait de 3,6 %, à 60,09 dollars. Un retournement brutal, après un sursaut de 4 % la veille. Ces montagnes russes reflètent l’instabilité d’un marché devenu hypersensible aux décisions politiques américaines.
Mercredi, Trump avait annoncé une trêve douanière de 90 jours pour la plupart des pays. Une décision accueillie avec optimisme par les marchés… jusqu’à ce qu’il confirme, dans le même souffle, un relèvement des tarifs à 125 % sur les importations en provenance de Chine — la deuxième économie mondiale et l’un des plus grands consommateurs de pétrole au monde.
Pour de nombreux analystes, cette escalade constitue une menace directe sur la croissance mondiale, et donc sur la demande énergétique. Ashley Kelty, expert chez Panmure Liberum, a souligné que « l’incertitude reste élevée, et la demande pourrait subir une pression prolongée ». De son côté, Ole Hansen, stratège chez Saxo Bank, avertit que « le monde fait face aux plus graves barrières commerciales depuis les années 1930 », période tristement célèbre pour avoir aggravé la Grande Dépression.
La riposte de Pékin n’a pas tardé : un tarif de 84 % sur les produits américains est entré en vigueur ce jeudi. L’effet domino de ces politiques protectionnistes est déjà perceptible, non seulement sur les marchés pétroliers, mais aussi sur les devises, les matières premières industrielles et les bourses asiatiques.
Au-delà du baril, c’est l’économie mondiale qui est en jeu. Le retour du nationalisme économique, incarné par la stratégie commerciale de Trump, fragilise les relations multilatérales et amplifie la volatilité structurelle des marchés. Dans ce contexte, l’OPEP et ses alliés, déjà impuissants à réguler une offre devenue chaotique, se retrouvent pris au piège entre une surproduction latente et une demande incertaine.
Cette situation s’avère particulièrement critique pour les pays pétroliers dépendants, comme l’Algérie, dont les recettes budgétaires reposent à plus de 90 % sur les hydrocarbures. Une nouvelle chute durable des prix pourrait replonger l’économie algérienne dans une zone de turbulences sociales et financières.