Le marché pétrolier s’apprête à enregistrer sa plus forte baisse hebdomadaire depuis mars 2023. Malgré une légère remontée des cours ce vendredi 27 juillet, les prix du brut restent sous pression, pénalisés par un recul des tensions géopolitiques et un retour à une logique dictée par les fondamentaux du marché.
Ce matin, le Brent a gagné 54 cents, soit 0,8 %, pour s’établir à 68,26 dollars le baril à 8h30 GMT. Le WTI américain, de son côté, a progressé de 60 cents, soit 0,9 %, atteignant 65,83 dollars. Une reprise timide, qui ne suffit pas à effacer les pertes accumulées depuis le début de la semaine : les deux indices affichent une baisse hebdomadaire de près de 12 %, une chute inédite depuis plus de deux ans.
Ce repli intervient malgré des données positives sur la demande américaine. L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a en effet signalé une baisse importante des stocks de brut et de carburants, ainsi qu’un redémarrage de l’activité de raffinage.
« Le marché commence à digérer le fait que les stocks de pétrole brut sont soudainement très serrés », souligne Phil Flynn, analyste chez Price Futures Group. Mais les opérateurs semblent avoir relégué les risques géopolitiques au second plan. Janio Shah, de Rystad Energy, parle même d’un marché devenu « apathique » face à la situation au Moyen-Orient.
Les yeux sont désormais tournés vers la réunion de l’OPEP+ prévue le 6 juillet, où une augmentation de la production de 411 000 barils/jour est à l’étude. D’après les analystes d’ING, cette hausse de l’offre pourrait faire basculer le marché vers un excédent important d’ici la fin de l’année, à condition que la stabilité régionale perdure.
Autre élément structurant : les échanges énergétiques avec la Chine. Selon les données de Vortexa et Kpler, les importations chinoises de pétrole iranien ont atteint un niveau record en juin, avec jusqu’à 1,8 million de barils/jour sur la période du 1er au 20 juin. Ces volumes exceptionnels s’expliquent par les achats massifs des raffineurs indépendants chinois (« théières »), qui profitent de prix bas pour reconstituer leurs stocks avant la haute saison estivale.
Dans ce contexte, la position américaine évolue rapidement. Le président Donald Trump a déclaré cette semaine sur Truth Social : « La Chine peut désormais continuer à acheter du pétrole iranien. Espérons qu’elle en achètera également beaucoup aux États-Unis. » Une déclaration en rupture avec la campagne de « pression maximale » relancée en février, et qui vise désormais à stimuler les exportations d’énergie américaines par une diplomatie plus souple vis-à-vis de Pékin.