Le marché pétrolier continue de dégringoler, emporté par des perspectives économiques moroses, des tensions commerciales persistantes et une demande énergétique en net recul. Mercredi, les prix du pétrole ont poursuivi leur tendance baissière sur les marchés asiatiques, confirmant ce qui pourrait devenir la plus forte chute mensuelle en pourcentage depuis novembre 2021.
Selon les données du marché, le Brent de la mer du Nord a reculé de 72 cents, soit 1,12 %, pour s’établir à 63,53 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a chuté de 70 cents, soit 1,16 %, à 59,71 dollars. Depuis le début du mois d’avril, le Brent a plongé de 15 % et le WTI de 16 %, atteignant des niveaux inédits depuis quatre ans.
Ce recul des prix est principalement attribué à la nouvelle vague de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, relancée début avril par le président Donald Trump, qui a imposé une série de droits de douane sur toutes les importations américaines. Cette décision a ravivé les craintes d’une récession mondiale, accentuant l’incertitude sur les marchés financiers et énergétiques.
En réponse, la Chine a répliqué par des mesures similaires, aggravant une situation déjà fragile. Selon un sondage Reuters, ces frictions douanières ont significativement augmenté le risque de récession mondiale en 2025, une menace qui pèse lourdement sur la demande globale de carburant.
« Les inquiétudes concernant la demande, dans le contexte de la guerre commerciale, ont pesé sur le sentiment des investisseurs », explique Daniel Haynes, stratège en chef des matières premières chez ANZ Banking Group. Et même si certains signes d’apaisement sont apparus — notamment avec deux décrets signés mardi par Trump pour atténuer les effets des droits de douane sur les automobiles —, cela n’a pas suffi à inverser la tendance.
Les analystes s’accordent à dire que le marché pétrolier pourrait rester sous pression à court terme, notamment parce que l’administration Trump semble déterminée à maintenir les prix de l’énergie à un niveau bas afin de lutter contre l’inflation intérieure.
Autre facteur baissier : l’attitude de l’OPEP+, qui envisage d’augmenter progressivement sa production. Selon des sources proches du cartel, plusieurs membres clés prévoient de proposer une hausse de la production dès le 5 mai, lors de la réunion de coordination. Cette perspective d’offre accrue risque d’aggraver la situation, en ajoutant une pression supplémentaire sur des prix déjà affaiblis par la baisse de la demande.
Par ailleurs, les dernières statistiques de l’American Petroleum Institute (API) révèlent une hausse des stocks de brut aux États-Unis de 3,8 millions de barils la semaine dernière, un signe supplémentaire du déséquilibre entre offre et demande. Les chiffres officiels de l’Energy Information Administration (EIA), attendus dans la journée, pourraient confirmer cette tendance.