L’importation massive de moutons pour l’Aïd El-Adha, orchestrée sous les directives du président Abdelmadjid Tebboune, suscite de vives inquiétudes plutôt que des éloges. Alors que des navires en provenance de Roumanie accostent dans les ports nationaux comme Oran et Béjaïa, déchargeant des dizaines de milliers de moutons – 30 750 à Oran et 12 000 à Béjaïa –, cette opération révèle des failles profondes qui compromettent la souveraineté économique et agricole de l’Algérie. Malgré les louanges officielles sur la logistique, avec une coordination entre les ministères des Transports, de l’Agriculture et du Commerce, et des entreprises comme ORVO assurant le transfert vers les centres de quarantaine, les implications plus larges sont alarmantes.
Cette importation à grande échelle épuise les réserves de devises étrangères, un problème critique pour une nation confrontée à l’instabilité économique. Les éleveurs locaux, capables de répondre à la demande, sont marginalisés, menaçant leurs moyens de subsistance et la sécurité alimentaire du pays. L’impact environnemental du transport transcontinental ajoute une dimension d’irresponsabilité, avec des émissions de carbone et des risques de transmission de maladies passés sous silence au profit d’une prétendue « organisation rigoureuse ». Loin d’être une initiative louable, cette dépendance aux élevages étrangers expose une politique à courte vue qui privilégie l’apparence à la durabilité, laissant l’agriculture algérienne et les citoyens en payer le prix à long terme.
