Dans un contexte mondial de plus en plus incertain, marqué par une instabilité économique et des turbulences géopolitiques, la Banque d’Algérie a lancé un avertissement fort concernant l’avenir financier du pays. Lors de sa participation à la 51e session du Comité monétaire et financier international (IMFC), Salah-Eddine Taleb, gouverneur de la Banque d’Algérie, a clairement souligné les défis qui attendent les pays exportateurs de pétrole, dont l’Algérie, dans un avenir proche.
Le discours prononcé par le gouverneur n’a pas manqué de souligner les conséquences potentiellement dramatiques de la baisse des prix du pétrole pour les économies qui, comme l’Algérie, dépendent lourdement des recettes pétrolières. Cette chute des prix, combinée à la conjoncture mondiale actuelle — caractérisée par un ralentissement de la croissance économique, une incertitude persistante concernant l’inflation, et un resserrement des conditions financières — pourrait perturber gravement les flux de devises étrangers.
L’Algérie, dont l’économie repose encore sur la rente pétrolière, est particulièrement vulnérable face à cette situation. Le gouverneur a mis en garde contre l’impact d’une baisse durable des revenus issus des hydrocarbures sur la capacité du pays à financer ses dépenses publiques, ses importations, et à maintenir la stabilité de sa monnaie nationale, le dinar. En effet, cette situation met directement en péril l’équilibre macroéconomique du pays, d’autant plus que la structure des finances publiques, dominée par des dépenses incompressibles, ne permet pas de corrections rapides et efficaces.
Une des principales préoccupations exprimées par Taleb est l’importance de diversifier l’économie nationale. Selon lui, il est impératif de réorienter les priorités budgétaires et de mettre en place des réformes fiscales ciblées avant que la situation ne devienne ingérable. Si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, l’Algérie risque de se retrouver dans une impasse économique.
L’économiste Mahfoud Kaoubi, lui aussi, a tiré la sonnette d’alarme, en confirmant que les prévisions budgétaires pour 2025 se basent sur un prix de référence du pétrole de 60 dollars le baril, alors que le prix de marché est estimé à 70 dollars. Bien que ces chiffres laissent un peu de marge de manœuvre, Kaoubi souligne que toute chute supplémentaire des cours du pétrole pourrait entraîner une nouvelle pression sur les finances publiques, aggravée par un déficit budgétaire projeté à 45 % pour 2025.
Le message de la Banque d’Algérie est clair : il est temps pour le pays de se préparer à un avenir où le pétrole ne sera plus la principale source de devises. La diversification de l’économie, loin d’être un choix, devient une nécessité urgente pour assurer la stabilité à long terme. Le reste dépendra de la volonté politique de mettre en œuvre ces réformes nécessaires pour éviter une crise plus profonde à l’avenir.